Mots du président

  • Les droits de l'homme sont solubles dans la haine - Mot du président - 03/09/2015

    La crise des migrants – puisque c’est par cet affreux mot qu’il semble convenu de l’appeler – fait vaciller notre modèle de société. Sous la prétendue pression que l’actuel afflux de réfugiés exerce sur nos pays, nous en venons à oublier, et les principes fondamentaux sur lesquels nous avons construit nos démocraties, et des évidences solaires.
     
    Au rang des secondes, il faut rappeler que les pauvres gens qui sont aujourd’hui jetés sur les routes, livrés aux mains des passeurs, exploités, rançonnés, entassés dans des cales de bateau ou des compartiments frigorifiques, enfermés derrière des barbelés (tiens cela nous vous rappelle rien), sacrifiés, ne le sont que parce nous, occidentaux, avons été porter l’exploitation, la déstabilisation et la mort chez eux. Certes, nous ne sommes pas responsables de tout. Sans l’intervention américano-anglaise en Irak, la Syrie ne serait pas aujourd’hui un Eden. Sans la colonisation (et la décolonisation), l’Afrique ne serait pas aujourd’hui un continent de paix et de fraternité. Mais il faut reconnaître que, bien plus que la civilisation, c’est la pauvreté, l’exploitation, la mort et l’indignité que nous avons apportées dans ces pays.
     
    Rappelons d’ailleurs que, parmi ceux qui détruisent des temples, qui asservissent et violent des femmes, qui pillent et qui incendient, qui trucident et qui décapitent, il y a des jeunes qui viennent de chez nous, et pas si peu.
     

  • Pot Pourri ? - Mot du président - 02/07/2015

    Le volet pénal du plan justice que Monsieur le ministre Koen Geens nous avait présenté au début de cette année 2015 avait suscité de sérieux espoirs.
     
    AVOCATS.BE s’était réjoui, notamment dans les colonnes de cette Tribune, de la volonté affichée par le ministre de lutter contre la surpopulation carcérale, de favoriser les alternatives à la peine privative de liberté, dont il était annoncé qu’elle serait réservée aux infractions les plus graves, et de réduire drastiquement le recours à la détention préventive, notamment en en limitant la durée maximale.
     
    C’est donc avec une certaine impatience qu’AVOCATS.BE attendait la communication du projet de loi « pot-pourri II » (quel drôle de nom quand même pour un projet de loi), dans l’espoir que celui-ci concrétiserait ces déclarations d’intention.
     
    Force est malheureusement de constater que l’on en est loin.
     
    Plusieurs des mesures envisagées par le projet accroîtraient nécessairement la surpopulation dans les prisons :

         - Si tous les crimes deviendraient correctionnalisables, le taux des peines augmenterait, pour atteindre un maximum de 40 ans d’emprisonnement (en combinant cette mesure avec les limitations déjà apportées aux possibilités de libération conditionnelle, on ne serait pas loin de peines incompressibles) ;

  • Éradiquons la surpopulation carcérale - Mot du président - 18/06/2015

    Ces 9 et 10 juin 2015, AVOCATS.BE a donc lancé trois actions contre l’Etat belge, devant les tribunaux de première instance de Bruxelles, Liège et Mons, pour dénoncer la surpopulation qui sévit dans les prisons de Forest, Lantin et Mons et pour solliciter sa condamnation à établir et à mettre en œuvre un plan qui éradiquerait cette surpopulation dans les six mois du prononcé des jugements à intervenir.
     
    AVOCATS.BE, on le sait, s’est vu confier par le Code judiciaire la mission de défendre, non seulement les intérêts des avocats, mais également ceux des justiciables. C’est évidemment en s’appuyant sur cette seconde compétence que nous avons décidé d’introduire ces actions.
     
    La Belgique a été condamnée à de nombreuses reprises, tant par la Cour européenne des droits de l’homme que par les juridictions de l’Ordre judiciaire, à indemniser des détenus pour les traitements inhumains et dégradants (au sens de l’article 3 de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales) auxquels ils ont été soumis dans nos prisons.
     

  • Mot du président - 04/06/2015

    Chers Confrères,
     
    Merci, tout d’abord, pour votre participation en masse au congrès que nous avons organisé, ce 29 mai 2015, à Louvain-la-Neuve, sur le thème « L’avenir est abstrait ? Rendons-le concret ! #Agissons », dont voici déjà une première capsule vidéo
     
    Merci à tous ceux qui ont participé mais, plus particulièrement bien sûr, à tous ceux qui se sont impliqués pour que ce congrès soit une réussite quasi-totale.
     
    Certes, il y a toujours moyen de faire mieux mais nous pouvons affirmer que, dans le cas présent, l’essentiel des objectifs que nous poursuivions ont été atteints.
     
    Merci, tout d’abord, à Jean-François Henrotte et Geoffroy Cruysmans, les deux co-directeurs scientifiques du congrès, au four et au moulin du début à la fin. Ils forment une équipe d’une incroyable efficacité. Si l’avenir de l’avocat reste incertain, avec eux, l’avenir de nos barreaux est, en tout cas, assuré !

  • Horizon 2025 - Un plan pour l'avenir de la profession - Un Congrès. - Mot du président - 21/05/2015

    Deux hommes, deux femmes ; deux de la capitale, deux de la province ; deux néerlandophones, deux francophones ; deux issus de « grands » cabinets, deux de petites structures.
     
    Françoise Lefèvre, Jacqueline Oosterbosch, Philippe De Jaegere et Frank Judo ont accepté, à la demande d’AVOCATS.BE et de l’O.V.B., de rédiger un plan pour l’avenir de la profession d’avocat en Belgique. Ils ont, pour le rédiger, convoqué et entendu plus de 60 témoins, issus des milieux économiques, politiques, sociaux, professionnels, publics, et, bien sûr, judiciaires.
     
    Ils nous dessinent le profil de l’avocat belge de 2025, celui au service duquel le justiciable de 2025 souhaitera faire appel, celui qui sera encore capable de jouer son rôle social : conseiller, concilier, défendre.
     
    C’est un plan de guerre.
     
    Il doit constituer la base de la réflexion de notre congrès du 29 mai 2015 à Louvain-la-Neuve. Il vous sera remis dans votre farde de documentation. Vous pouvez le découvrir dans cette Tribune, dès aujourd’hui.
     

  • Resserrer la justice sur ses fondamentaux ? Pour faire la chasse aux chômeurs ??? - Mot du président - 07/05/2015

    Au moment où vous lirez ces lignes, vous saurez qui a gagné The Voice. Au moment où je les écris, je l’ignore encore.
     
    Alors : Charlotte, Marine, Emir ou Theo ?
     
    Permettez-moi de penser que, pour des raisons diverses, on parle trop des trois premiers. Est-ce Marine qui provoque le pire ? Ou ceux qui lui tendent leurs micros (il est vrai qu’il y a quelques pannes) ?
     
    C’est donc du quatrième que je voudrais vous entretenir. Il propose que les inspecteurs de l’ONEm puissent désormais procéder à des contrôles domiciliaires sans préavis, pour vérifier si les chômeurs qui se déclarent isolés le sont réellement.
     
    Je ne m’exprimerai pas sur le fond. D’une part, on peut se demander quel intérêt il y a d’organiser pareils contrôles s’ils sont précédés d’un préavis de dix jours, comme si le but était réellement de ne surprendre que ceux qui sont trop… maladroits. D’autre part, spécialement dans une société où il est de plus en plus fréquent que les deux membres d’un ménage aient la même aspiration au travail, on peut se demander pourquoi des travailleurs qui ont cotisé de la même façon reçoivent des allocations différentes, selon qu’ils sont isolés ou cohabitants. 
     

  • Le plan Justice de Monsieur Gens : rien que des économies ? - Mot du président - 23/04/2015

    Cela fait des années que nous le disons : la justice est trop lente et trop chère.
     
    Si nous ne parvenons pas à en diminuer le coût et en accélérer le cours, l’Etat de droit mourra. Les conflits seront réglés autrement (par l’économie, la communication, la religion, la surveillance,… mais plus par la justice) ou par d’autres que les juges et les avocats (les juristes d’entreprise, les comptables, réviseurs ou auditeurs, les thérapeutes ou les médiateurs, les robots, les justiciers, … mais plus par des hommes et femmes de justice).
     
    Aussi ne pouvons-nous écarter d’un revers de la main les efforts d’économies que le gouvernement veut imposer à la justice. Il n’y a plus assez d’argent pour payer la justice telle qu’elle fonctionne aujourd’hui. Il faut donc faire preuve d’imagination.
     
    Mais il nous appartient de veiller :
     

  • Justice pour la justice - Mot du président - 26/03/2015

    Plusieurs milliers d’acteurs de la justice rassemblés dans l’immense salle des pas perdus du Palais de « l’arkitekt’ ». Des avocats, de tous les barreaux, des magistrats, des greffiers, des membres du personnel des greffes et des parquets, de toutes les juridictions, de tous les arrondissements, des experts, des traducteurs. Tous rassemblés. Sans égard pour leur obédience, leur rang, leur charge, leur langue.

    Pour crier qu’ils veulent justice pour la justice.

    Parce qu’elle est déjà bien dans le paté, et depuis plusieurs années : bâtiments en décrépitude, essaimés, mal entretenus, mal nettoyés, pas toujours assainis ; matériel manquant, dépassé, dépareillé, désuet, obsolète ; cadres incomplets, non renouvelés, sans logique aucune, au hasard des départs ; informatique déficiente, absente ; experts, médecins et traducteurs non payés, exsangues, au bord de la faillite ; avocats bajistes désindexés (je veux dire indexés à l’envers – de là à dire qu’ils sont les seuls à souhaiter un saut d’index…).

    Parce qu’elle est déjà bien mal en point et que l’on veut encore réduire son budget. Et de 10%, dont déjà 4 en 2015.

    Absurde !

    Absurde parce qu’il ne s’agit pas seulement de mépris pour tous ces acteurs de justice qui, le plus souvent, font leur boulot avec cœur, voire avec passion.

  • 20 mars 2015 : Il faut sauver le pouvoir judiciaire ! - Mot du président - 12/03/2015

    Le 20 mars 2015 comptera dans l’histoire de la justice belge.

    Pour la première fois, l’ensemble des avocats, magistrats, greffiers et membres des personnels des greffes et des parquets, experts judiciaires se réuniront ensemble pour dénoncer le manque de moyens accordés par le gouvernement à la justice.

    L’ampleur de ce rassemblement est à la mesure de la situation du pouvoir judiciaire.

    Le Gouvernement entend lui imposer, en quatre exercices budgétaires, une diminution de son budget de 10% (4% en 2015, puis 2% de plus en 2016, 2% de plus en 2017 et 2% de plus en 2018) !

    Ceci alors que, de façon endémique, le SPF Justice est dans l’incapacité de payer ses fournisseurs. Son déficit (cumulé) au 31 décembre 2014 était de l’ordre de 100 millions d’euros.

    Ceci alors que les bâtiments de justice (on ne parlera plus de Palais,ou alors au sens archéologique du terme…) sont, pour la plupart, dans un état de délabrement abominable.

    Ceci alors que l’aide juridique est, depuis plus d’une législature, dans le marasme, le Gouvernement n’assurant même plus le maintien de la valeur du point, alors pourtant que les prestations à défrayer n’augmentent pas (et, même, diminuent).

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