Suivez mes commentaires sur l'actualité de la justice et des barreaux

  • Sophia, par Eléonore de Duve

    Sophia, par Éléonore de Duve, Paris, Corti, 2025, 87 pages, 16 euros.

    Sa grand-mère lui offre une fortunelle, son regard d’or et doux dans un écrin. Elle fut joaillière puis bibliothécaire, assistante sociale. Elle crée des rivières, en vue de passer liquidement de l’une à l’autre. Elle a demandé les livres de la chambre et, puisqu’ils étaient lourds, Sophia les a pris un par un. L’après-midi, oubliant les phrases de l’émission, les cognements, la vieille parcourt la Torah, le Coran, la Bible, la Veda, elle entrecroise des versions de l’humanité, relève les yeux chrysolithes pour dire à Sophia un mot vide, retenu par cœur : « Œcuménisme. » Ce faisant, elle modifie le mot, l’élargit, à plus grand que lui et à bien plus grand qu’elles.

    D’une écriture stricte et plastifiée, entourée de symboles, insistant sur le « P », en le dessinant large, le grand-père consignera un vœu funèbre : « PAS de prêtre ou autre marsupial ».

    L’écriture d’Éléonore de Duve n’est pas « facile ». Il y a des mots rares, des ellipses, des métaphores, des tournures inhabituelles, une forme à nulle autre pareille. Peut-on parler d’écriture « déconstruite » ? Ou « reconstruite » ?

    Cela m’avait rebuté lors de la lecture de son premier roman, Donato.

  • De justice à justesse, être avocat autrement, par Séverine Evrard

    De justice à justesse : être avocat autrement, par Séverine Evrard, Limal, Anthemis, 2023, 198 pages, 54 euros.

    L’appel est lancé pour réfléchir, chacun de notre côté, à la meilleure façon de replacer la relation humaine au cœur du métier d’avocat, dans lequel il n’est plus question de clients figés dans leur position et d’un avocat qui s’érige en sauveur au point de s’oublier.

    C’est par ces mots que Marie Dupont, qui préface cet ouvrage, nous invite à découvrir une autre façon d’envisager le métier d’avocat, de vivre le métier d’avocat.

    Notre métier a changé. Nos clients ont changé. Notre monde a changé. Nous avons changé. Nous changeons.

    (...)

    Comment être avocat aujourd’hui, vivre sereinement ce métier dans cet environnement qui a tant changé ?


    De justice à justesse : être avocat autrement par Séverine EVRARD | La Tribune

  • Ivan Ninic, avocat en danger

    Ivan Ninic est un avocat serbe.

    Ivan Ninic, connu pour son franc-parler, est en charge de plusieurs dossiers dans lesquels il défend des migrants et n’’hésite pas à mettre en cause la responsabilité de hauts fonctionnaires de l’Etat. Il fait actuellement l’objet d’une véritable campagne de lynchage, des vidéos réalisées au moyen de l’intelligence artificielle, contrefaisant son image et sa voix, lui prêtant des propos pro-albanais (ou pro-Kossovo) et le faisant même passer pour un espion américain.

  • Mehmet Pehlivan, avocat en danger

    Mehmet Pehlivan est un avocat turc.

    En charge de la défense d’Ekrem Imamoglu, maire d’Istamboul, leader de l’opposition, arrêté et mis en détention le 19 mars 2025 sous la prévention de direction d’une organisation criminelle, Mehmet Pehlivan a été arrêté une première fois le 27 mars 2025 sur la base de la loi sur la prévention du blanchiment de fonds. Il a nié toutes les accusations portées contre lui et a été remis en liberté dès le lendemain, tout en restant sous le coup d’une interdiction de quitter le territoire.

  • Eloge de la présomption d'innocence, par Marie Dosé et Julia Minkowski

    Éloge de la présomption d’innocence, par Marie Dosé et Julia Minkowski, Paris, Gallimard, 156 pages, 19 euros.

     

    L’essence du métier d’avocat pénaliste consiste à défendre aussi bien des personnes accusées d’actes pénalement répréhensibles que leurs victimes. Il va sans dire que plaider l’innocence ou défendre un accusé manifestement coupable ne saurait être compris comme une justification des actes en eux-mêmes. Mais si nous en sommes là, à devoir rappeler cette évidence, c’est que nous, avocates pénalistes, sommes de plus en plus prises à parties. Aussi, on se pince d’avoir à l’écrire : non, nous ne sommes pas favorables à l’escroquerie, au viol, au meurtre… Défendre une personne accusée de terrorisme n’implique pas que nous jugions d’un bon œil l’usage de la violence contre des populations, et être les conseils d’hommes accusé de violences sexuelles n’implique pas que nous souscrivions aux mécanismes de la prédation masculine, pas plus qu’au dévoiement de la libération des mœurs par la contrainte ou à l’emprise comme mode opératoire dans les relations sentimentales.

    ...

    Qu’est devenue la présomption d’innocence dans notre société d’immédiateté ? Il est si facile de clouer au pilori des réseaux sociaux tout présumé coupable, simplement en tapotant quelques mots sur son téléphone portable, sous le couvert de l’anonymat bien sûr…

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