Prête-moi ta plume

  • Le passage, par Gery Van Dessel

    Le passage, par Géry VAN DESSEL, Angers, Saint-Léger éditions, 2023, 96 pages, 12 euros.

     

    N’écoutez pas les pas du bourreau

    C’est le temps qui passe

    Seul compte le chemin nouveau

    Ne vous fondez pas dans la masse

    Le creux ne fait que se creuser

    Ce qui se confond sombre

    Mais si les couleurs tombent

    Tes mots sont des sentinelles dressées

     

  • Journal d'assises, de Janine Bonaggiunta

    Journal d’assises, de Janine Bonaggiunta, adaptation de Nathalie Mongin, aux Bien Veilleuses (Théâtre Le Public), du 6 au 17 février 2024.

    Journal d’assises, de Janine Bonaggiunta, Paris, Editions Héloïse d’Ormesson, 144 p., 15 €.

    Mettre des mots sur les maux.

    Je vous ai déjà parlé de Janine Bonaggiunta qui, avec sa consœur Nathalie Tomasini, avait publié, en 2020, un premier ouvrage, Une défense légitime.

    Celle qui fut l’avocate de Jacqueline Sauvage, poursuivie pour avoir tué son bourreau de mari, nous confiait alors son engagement pour la défense des femmes victimes de violences conjugales, à laquelle elle s’est quasi-exclusivement consacrée.

    Janine Bonaggiunta a souvent plaidé aux assises. Malheureusement trop rarement à la défense. Peu sont celles qui, comme Jacqueline Sauvage, se retrouvent dans le box des accusés. Généralement, les femmes sont à la table des parties civiles, quand elles sont toujours en vie…

    Mais tel est parfois le cas. Avec ce Journal d’assises, c’est l’un de ces procès que nous raconte notre confrère. Et Nathalie Mongin a adapté l’ouvrage pour en faire une œuvre théâtrale, mise en scène par Michel Kacenelenbogen et interprétée par Aylin Yay.

  • Les joyeusetés de la langue française, par Hippolyte Wouters

    Les joyeusetés de la langue française, par Hippolyte Wouters, Bruxelles, 32 pages, 15 euros (à commander à l’adresse hippolyte@wouters-theatre.com et à payer au compte BE12 0637 5061 1192).

    Hippolyte Wouters a couché … sur papier le texte de cette conférence sur les joyeusetés de la langue française qu’il a déjà prononcée dans bien des pièces et qui, à chaque fois, ravit ses auditeurs. Quel plaisir de le voir ainsi jongler avec adresse et les mots (ceci est un zeugma, comme dans « bizarre, se dit-il en français, lui-même et gloussant » ou, plus juridique, « il viola cette pauvre femme et la loi » : absence de répétition d’un mot ou d’un groupe de mots quand l’esprit peut aisément les rétablir) !

    Et la Marine va venir à Malte.

    Bon dieu, qu’elle y reste ! L’art du palindrome (mot ou phrase qui se lit de façon identique de gauche à droite ou de droite à gauche) est plus délicat, non ?

    Les Joyeusetés de la langue française par Hippolyte Wouters | La Tribune (avocats.be)

  • Couleur et droit, par Jacques Larrieu

    Les rapports entre le droit et la couleur sont nombreux. Parfois la couleur dit le droit (c'est le cas des panneaux routiers, des feux de circulation, des cartons des arbitres sportifs, des balises maritimes...). Parfois la couleur dit le statut (c'est le cas des casques bleus, des drapeaux blancs, des croix rouges, vertes ou blanches...). Parfois c'est le droit qui dit la couleur (à Wimbledon, on joue en blanc ; un piment d'Espelette, c'est rouge ; les anneaux olympiques ont cinq couleurs standard). Parfois la couleur est saisie par le droit (les semelles rouges des souliers Louboutin sont protégées par le droit, comme l'outrenoir d'Anish Kapoor, et tant d'autres).

    Jacques Larrieu, professeur en droit de la propriété intellectuelle et de la concurrence, s'est livré à ce curieux inventaire des liens entre le droit et la couleur.

    Couleur et droit par Jacques Larrieu | La Tribune (avocats.be)

  • Considérant, Revue du droit imaginé

    Considérant, Revue du droit imaginé, sous la direction de Nicolas Bareït et Damien Connil, Paris, Classiques Garnier, 2022, 294 pages, 38 €.

    Le coupable condamné à mort pour parricide, sera conduit sur le lieu de l’exécution, en chemise, nu-pieds, et la tête couverte d’un voile noir. Il sera exposé sur l’échafaud pendant qu’un huissier fera au peuple lecture de l’arrêt de condamnation ; il aura ensuite le poing droit coupé, et sera immédiatement exécuté à mort (article 13 du Code pénal de 1810).

    Le parricide : crime suprême, crime contre l’ordre naturel, crime reconnu comme tel dans la plupart des civilisations, de la nôtre, judéo-chrétienne, aux orientales, marquées par le confucianisme.

    La revue Considérant, publiée une fois par an à Paris, se sous-titre elle-même « Revue de droit imaginé ». Elle explore les relations entre civilisations, littérature et droit. J’ai choisi de vous parler de son numéro 4, publié en 2022. Les numéros précédents avaient porté sur les thèmes « Représenter le droit » (2019), « L’élu » (2020), « L’erreur judiciaire » (2021). Le numéro 2023 est consacré au droit constitutionnel. C’est donc le parricide qui est l’objet de l’édition 2022. Il est disséqué au travers de neuf contributions, qui puisent leurs inspirations dans des domaines très divers, de l’histoire du droit au cinéma, en passant notamment par la sociologie et l’anthropologie.

  • Avocat des flics, par L-F Liénard et Avocat des libertés, par Y. Bouzrou

    Avocat des flics, par Laurent-Frank Liénard, Paris, Nouveau Monde éditions, 2022, 300 p., 18,90 €.

    Avocat des libertés, par Yassine Bouzrou, Paris, Nouveau Monde éditions, 2022, 336 p., 18,90 €.

    Ils ont énormément de points communs, à commencer par leur farouche esprit d'indépendance, leur engagement sans faille, leur parfaite maîtrise non seulement des règles du droit pénal et de la procédure pénale, mais aussi des domaines d'expertise qu'ils sont amenés à discuter dans le cadre des procès qui leur sont confiés, comme la balistique par exemple. Ils acceptent des causes difficiles, « sensibles » : de celles qui vous valent des menaces de mort[1].

    Ils sont donc pleinement avocats. Du genre combatif. Ils ont d’ailleurs tous deux pratiqué la boxe.

    L'un défend généralement les policiers, l'autre les victimes de violences policières illégitimes.

    Comme ils sont avocats, ils ont des points de vue différents. Mais ceux-ci ne sont pas forcément incompatibles. Ils ne nous parlent d'ailleurs pas des mêmes affaires, ou très rarement.

  • Women, Life, Freedom, par Nasrin Sotoudeh

    Women, Life, Freedom, par Nasrin Sotoudeh, Ithaca et Londres, Cornell University Press, 2023, 70 p., 7.99$[1].

    Quant au fait d'apparaître sans hijab en public, l'accusée est condamnée à septante quatre coups de fouet, conformément à l'article 638 du Code pénal islamique ; quant à la diffusion de fausses informations dans le but de manipuler le public, l'accusée est condamnée à trois ans d'emprisonnement et à septante quatre coups de fouet, conformément à l'article 698 du Code pénal islamique ; quant au trouble de l'ordre public, l'accusée est condamnée à deux ans d'emprisonnement, en tenant compte des jours déjà passés en détention.

    Ainsi prononcé à Téhéran, le 3 novembre 2018, par la 28e chambre du tribunal révolutionnaire.

    Il était reproché à Nasrin Sotoudeh d’avoir « publié une déclaration et demandé la tenue d'un référendum sous la supervision de l'ONU » en vue d’obtenir une modification de la Constitution remplaçant l’actuel système de la République islamique, en compagnie, notamment, de Shirin Ebadi, ancienne prix Nobel de la paix (2003), et de Narges Mohammadi, qui vient de recevoir à son tour cette distinction.

  • Intra muros, par Gaston Vogel

    Intra muros, par Gaston Vogel, Luxembourg, éditions Guy Binsfeld, 2023, 224 p., 26 €.

    Je suis ahuri d’apprendre que K. aurait ainsi déposé dans d’importantes affaires judiciaires comme témoin devant sa maitresse, qui en sa qualité de vice-présidente était chargée de les instruire à l’audience.

  • La petite fille, par Bernard Schlink

    La petite fille, par Bernhard Schlink, Paris, Gallimard, 2023, 338 pages, 23 euros.

    Il m’est arrivé en petit ce que j’ai vu arriver en grand aux Allemands de l’Est après la chute du Mur. D’abord, ils furent joyeusement accueillis comme étant les bienvenus. Ils furent aussi questionnés avec intérêt sur ce qui s’était passé à l’Est et comment ils y avaient vécu. Mais on les interrogea comme quelqu’un qui rentre de voyage. Lorsqu’il apparut qu’ils n’avaient pas seulement fait un voyage, mais qu’ils venaient d’un autre monde, un monde où certaines choses ne leur avaient pas convenu, mais qui était le leur, qu’ils avaient édifié et entretenu, auquel ils étaient et restaient liés, l’intérêt disparut.

  • Léopold, enfant secret du Royaume, par Eric Causin

    Léopold, enfant secret du Royaume, par Éric Causin, Bruxelles, Genèse éditions, 2023, 112 pages, 17,5 euros.

    De tous les documents que tu avais parcourus jusque-là, c’était le plus ancien et, à en juger par le soin qui l’avait entouré, le plus précieux… C’était un arbre généalogique… Tu repris le décryptage, mot après mot, du plus ancien vers le plus récent, car tu voulais trouver ta place. Ton attention fut attirée par quelques lettres, peu lisibles, figurant à côté de ton prénom. L’encre utilisée était différente, l’écriture paraissait plus récente, comme si son auteur avait finalement exprimé ce qu’il avait jusque-là caché… Sous l’unique prénom Léopold de tout l’arbre, une main tremblante mais ferme – tu reconnus celle de ton père – avait écrit en petits caractères : adultérin, suivi d’un point d’exclamation.

    Tes yeux se figèrent sur le texte : à plusieurs reprises, tu répétas a-d-u-l-t-é-r-i-n à mi-voix, mécaniquement. Tout en toi se figea.

    Léopold Havenith est un enfant adultérin. Par sa mère. Son père était veuf quand il a été conçu. Mais son père n’était pas le premier venu. Ou plutôt si. Son père c’était le Roi. Léopold III.

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