Suivez mes commentaires sur l'actualité de la justice et des barreaux

  • Somme toute (Mémoire à la barre), de Xavier Magnée

    Somme toute (Mémoire à la barre), par Xavier Magnée, Bruxelles, Avant-propos, 2014, 160 p., 16,95€

     

    « Dans le labyrinthe des apparences, la route est secrète. À ma façon, je dis la vérité ».

    Cela commence par une leçon d’humilité. Un innocent coupable que l’on croit finalement innocent et qui est pourtant coupable.

    Être avocat, c’est d’abord écouter, entendre, comprendre. Avant de parler. De dire une vérité.

    Écouter ces hommes et ces femmes qui ont perdu le fil de leur vie, qui le cherchent, qui ne le trouvent pas toujours.

    C’est un livre de souvenirs. Ceux d’une vie d’avocat. Des ombres qui passent. Des ombres d’hommes, malmenés, malmenant… Des ombres d’hommes, pas de carton.

    Les ombres de grands avocats aussi. Ceux que Xavier Magnée a côtoyés : Van Pé, Libiez, Verbruggen, De Gavre, Lafarge, Vergès, Tixier-Vignancour, …

    L’humanité se détache. Elle n’est pas toujours rose. Mais pas toujours sombre non plus.

    « Voyez-vous, le procès, surtout le procès pénal, c’est la guerre. Il faut des lois pour cela. Mais, pour les écrire, serait-il déraisonnable de prendre l’avis de quelques troupiers revenant du feu ? Ils sont, eux, les soldats de la vérité. Et l’avocat reste le seul contre-pouvoir légitime ».

    Ne pas oublier…

  • Resserrer la justice sur ses fondamentaux ? Pour faire la chasse aux chômeurs ??? - Mot du président - 07/05/2015

    Au moment où vous lirez ces lignes, vous saurez qui a gagné The Voice. Au moment où je les écris, je l’ignore encore.
     
    Alors : Charlotte, Marine, Emir ou Theo ?
     
    Permettez-moi de penser que, pour des raisons diverses, on parle trop des trois premiers. Est-ce Marine qui provoque le pire ? Ou ceux qui lui tendent leurs micros (il est vrai qu’il y a quelques pannes) ?
     
    C’est donc du quatrième que je voudrais vous entretenir. Il propose que les inspecteurs de l’ONEm puissent désormais procéder à des contrôles domiciliaires sans préavis, pour vérifier si les chômeurs qui se déclarent isolés le sont réellement.
     
    Je ne m’exprimerai pas sur le fond. D’une part, on peut se demander quel intérêt il y a d’organiser pareils contrôles s’ils sont précédés d’un préavis de dix jours, comme si le but était réellement de ne surprendre que ceux qui sont trop… maladroits. D’autre part, spécialement dans une société où il est de plus en plus fréquent que les deux membres d’un ménage aient la même aspiration au travail, on peut se demander pourquoi des travailleurs qui ont cotisé de la même façon reçoivent des allocations différentes, selon qu’ils sont isolés ou cohabitants. 
     

  • La juge de trente ans, Céline Roux

    La juge de trente ans, par Céline Roux, Paris, Seuil, collection Raconter la vie, 2014, 80 p., 5,90€.

    « Mes jambes flanchent, mes mains tremblent, mes joues me brûlent. Tenir droite, avancer, faire confiance à mon corps et me laisser guider … ». Première audience d’une juge de trente ans.

    Comment peut-on juger quand on trente ans ? Quand on pas encore vécu ? Quand on doit encore découvrir la misère humaine, les infidélités, les trahisons, la méchanceté gratuite, la cruauté, bref tout ce qui fait l’humanité ? Pour être juge, la vie il faut l’avoir vu grouiller. Dans tous les coins.

    « Vous êtes juges des enfants et  vous n’avez pas d’enfant. Comment pouvez-vous savoir ? … Ce genre de discours ne la déstabilise pas. On ne demande pas à un juge d’application des peines d’avoir été condamné… ». Ouais. Peut-être, quand même, que les deux situations sont différentes. Ou qu’il faudrait que les juges d’application des peines sachent ce qu’est la prison …

    C’est clair, j’étais prévenu en ouvrant ce livre.

    Mais quel texte lumineux !

    Juge solitaire, juge solidaire, juge au féminin, juge écrasée, juge égarée, juge engagée. Une vraie profession de foi.

  • Y a-t-il trop d'avocats en Belgique ?

    L'avocat anversois Jan Dijck a dénoncé un trop grand nombre d'avocats en Belgique. 15 pour 10.000 habitants. Beaucoup plus qu'en France et aux Pays-Bas. Ce qui induirait une concurrence sauvage.

    Je lui réponds. Plus qu'en France et aux Pays-Bas, oui, mais nous sommes dans la moyenne européenne. Il y a bien plus d'avocats par habitants en Allemagne, au Luxembourg et, surtout, en Italie ou en Espagne.

    Il est vrai que la Commission européenne a libéralisé la publicité et, même, à certaines conditions, le démarchage. Mais cela ne signifie pas qu'il y aurait pour autant trop d'avocats par rapport à la demande de justice.

    Ce qui est exact, en revanche, est que la population a de plus en plus de peine à supporter le coût d'un procès.

    Rendez-vous le 29 mai pour en parler et agir. L'avenir est abstrait ? Rendons-le concret.

    #Agissons.

     

    Lire l'article sur Justice en ligne

  • Justice pour le Palais – Un campus Poelaert pour le justiciable, Jean-Pierre Buyle et Dirk Van Gerven

    Justice pour le Palais – Un campus Poelaert pour le justiciable, Jean-Pierre Buyle et Dirk Van Gerven (éd.), Bruxelles, filipson éditions, 2014, 2 x 51 p., 20€.

     

    Jean-Pierre Buyle et Dirk Van Gerven sont des croisés !

    Et ils sont aussi des plaideurs bien racés.

    Dans ce beau petit livre, illustré par des dessins de François Schuiten (dont on se rappelle qu’il a fait du Palais de Poelaert le Palais des trois pouvoirs dominant son Brüsel), Gal et Ever Meulen et des photographies de Marie-Françoise Plissart, ils prennent avec brio la défense de ce mastodonte un peu fou, issu de l’imagination d’un jeune architecte visionnaire de milieu du XIXe siècle.

    Il s’agissait, après deux révolutions (celles de 1789 et 1830), de marquer la place de la Justice dans ce petit État indépendant qui venait de naître au cœur de l’Europe. Le législatif et l’exécutif avaient leurs Palais. Le judiciaire aurait le sien. Monumental. Avec des dimensions dignes des grands anciens imaginés par H.P. Lovecraft. Pour que l’individu s’y sente petit mais pas écrasé.

  • Le plan Justice de Monsieur Gens : rien que des économies ? - Mot du président - 23/04/2015

    Cela fait des années que nous le disons : la justice est trop lente et trop chère.
     
    Si nous ne parvenons pas à en diminuer le coût et en accélérer le cours, l’Etat de droit mourra. Les conflits seront réglés autrement (par l’économie, la communication, la religion, la surveillance,… mais plus par la justice) ou par d’autres que les juges et les avocats (les juristes d’entreprise, les comptables, réviseurs ou auditeurs, les thérapeutes ou les médiateurs, les robots, les justiciers, … mais plus par des hommes et femmes de justice).
     
    Aussi ne pouvons-nous écarter d’un revers de la main les efforts d’économies que le gouvernement veut imposer à la justice. Il n’y a plus assez d’argent pour payer la justice telle qu’elle fonctionne aujourd’hui. Il faut donc faire preuve d’imagination.
     
    Mais il nous appartient de veiller :
     

  • Justice pour la justice - Mot du président - 26/03/2015

    Plusieurs milliers d’acteurs de la justice rassemblés dans l’immense salle des pas perdus du Palais de « l’arkitekt’ ». Des avocats, de tous les barreaux, des magistrats, des greffiers, des membres du personnel des greffes et des parquets, de toutes les juridictions, de tous les arrondissements, des experts, des traducteurs. Tous rassemblés. Sans égard pour leur obédience, leur rang, leur charge, leur langue.

    Pour crier qu’ils veulent justice pour la justice.

    Parce qu’elle est déjà bien dans le paté, et depuis plusieurs années : bâtiments en décrépitude, essaimés, mal entretenus, mal nettoyés, pas toujours assainis ; matériel manquant, dépassé, dépareillé, désuet, obsolète ; cadres incomplets, non renouvelés, sans logique aucune, au hasard des départs ; informatique déficiente, absente ; experts, médecins et traducteurs non payés, exsangues, au bord de la faillite ; avocats bajistes désindexés (je veux dire indexés à l’envers – de là à dire qu’ils sont les seuls à souhaiter un saut d’index…).

    Parce qu’elle est déjà bien mal en point et que l’on veut encore réduire son budget. Et de 10%, dont déjà 4 en 2015.

    Absurde !

    Absurde parce qu’il ne s’agit pas seulement de mépris pour tous ces acteurs de justice qui, le plus souvent, font leur boulot avec cœur, voire avec passion.

  • Monsieur Optimiste, par Alain Berenboom

    Monsieur Optimiste, par Alain Berenboom, Genèse Edition, 2013, 242 p., 22,5€.

     

    « Récemment est paru un autre roman de Klarise Rhode, inachevé. Il semble que la mort l’ait surprise alors qu’elle devait encore en écrire, d’après le plan contenu dans ses notes, une bonne moitié. C’est un texte curieux car, contre toute logique, la partie manquante est le début. Il y a deux chapitres sur quatre, et ce sont les derniers. Pour le lecteur, il s’agit donc d’une expérience qu’on pourrait qualifier de singulière, sans pour autant aller jusqu’à la juger absurde. Ce n’est pas autrement que nous connaissons nos parents, du reste … »[1].

    Tel est, sans doute, le point de départ du onzième ouvrage d’Alain Berenboom. Remonter le temps à la recherche des premiers chapitres de la vie de ce père taiseux, en tout cas quant à ses origines, et de cette mère moderne et pragmatique, et qui ont tout fait pour effacer en lui leurs origines polonaises et lituaniennes. Pour qu’il soit un vrai Janssens, un vrai belge, dont le nom n’évoquerait qu’un arbre et des ours.

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