Suivez mes commentaires sur l'actualité de la justice et des barreaux

  • 2015 - Mot du président - 17/12/2015

    Ce ne fut pas une année facile.

    Entre Charlie et Paris, entre crise financière et COP21, entre la misère des réfugiés et la terreur des massacres, entre Boko Haram et les prémices d’un nouveau génocide au Burundi.

    Des avocats assassinés, emprisonnés, harcelés, menacés, poursuivis, … rien que parce qu’ils sont avocats et qu’ils font leur métier avec cœur et courage.

    Une intense activité législative, accompagnant une politique de restriction des budgets, qui frappe tout, mais particulièrement la justice. Des projets de réforme qui, je le pense sincèrement, partent de la volonté d’améliorer (voire de sauver) la justice en en accélérant le cours, en en diminuant le coût, en la rendant plus simple, plus efficace, plus prévisible, moins douloureuse, mais qui touchent parfois à des équilibres instables au risque d’en provoquer l’effondrement.

    Aussi des moments de solidarité, de fraternité et d’espoir. Des mains qui se tendent vers les réfugiés, des mains qui se lèvent pour résister, des mains qui se rencontrent et se nouent pour marquer le refus de la violence.

    Restons donc imprégnés des leçons de cette année mais, surtout, regardons devant nous.

    Demain commence aujourd’hui.

    Il faut réformer la justice. Il faut faire progresser l’avocature. Il faut défendre notre modèle de société. Il faut défendre nos valeurs. Il faut la paix.

    « Il », ce n’est pas « on », c’est « nous », c’est « vous ».

  • Les grands procès de l'histoire - De l’affaire Troppmann au procès d’Outreau, par Emmanuel Pierrat

    Les grands procès de l’histoire – De l’affaire Troppmann au procès d’Outreau, par Emmanuel Pierrat, Editions de la Martinière, 2015, 176 pages, 39,90€.

     

    Vincent de Moro Giafferi se lève. « Vous accusez mon client de dix crimes. Mais, monsieur l’avocat général, vous ne nous présentez aucun corps. D’ailleurs, l’une des prétendues victimes a été retrouvée. Elle va entrer dans cette salle ».

    Stupeur. Silence. Des centaines d’yeux se braquent sur la porte d’entrée de la Cour d’assises. Rien ne bouge. Moro Giafferi triomphe. « Vous voyez : vous y avez tous cru. Tous vous avez regardé cette porte. C’est la preuve que vous n’êtes pas certains de la culpabilité de Landru ».

    Et l’avocat général de répondre : « Oui Maître, tous nous avons regardé cette porte. Tous, sauf un. Landru lui-même ».

    Extraordinaire passe d’armes (je veux dire « de mots ») !

    Emmanuel Pierrat, le brillant avocat parisien qui est aussi le principal fournisseur de cette chronique, fait revivre dix-huit grands procès. Défilent Dreyfus, Violette Nozière, Stavisky, Brasillach, le docteur Petiot, Dominici, Marie Besnard, Goldman, le petit Grégory, Omar Raddad, Maurice Papon,… Et une série de grands avocats : Labori, Isorni, Floriot, Pollak, Tixier-Vignancour, Damien, Halimi, Lévy, Badinter, Leclerc, Vergès, Varaut, Klarsfeld, Dupond-Moretti, et tant d’autres.

  • Courteslignes, le site du texte court

    Courteslignes, le site du texte court, sous la direction de Jehanne Sosson

     

    « Canicule. Sale temps, sale mot, sale impression.

    La canule n’est pas loin et la canisette non plus.

    La mort par épuisement, étouffement, asphyxie, déshydratation rôde du Pakistan à l’Europe.

    Le Ramadan est de la partie et achève les plus faibles qui ne devraient pas jouer à la roulette islamique quand la santé est en danger… ».

    Pareil pour moi : les canicules ne m’emballent pas.

    Ainsi commence la courte nouvelle Canicule citoyenne que Daniel Simon a mise en ligne sur le site du texte court, qu’a lancé Jehanne Sosson : http://www.courteslignes.com/.

    Une vingtaine d’auteurs ont déposé de courtes nouvelles sur le site. Parmi eux, outre Jehanne Sosson (son dernier texte s’intitule Péage mais elle en a déposé une bonne dizaine. Je vous conseille particulièrement Appelez-moi « Maîtresse »), Hippolyte Wouters ou Jean Van Hamme (oui, l’homme des B.D.).

    C’est toujours délicieux, amusant, spirituel. Jouer avec les mots, avec élégance et humour, pour toucher notre quotidien, se moquer ou démystifier.

  • In memoriam, Maître Tahir Elçi - Mot du président - 03/12/2015

    Ils se croient des anges, ils ne sont que des démons.

    Ils promettent le paradis, ils sèment l’enfer.

    Ils parlent de Dieu, ils servent le diable.

    Ils croient défendre l’Islam, ils ne font que porter la haine sur les musulmans, bien injustement pour l’immense majorité d’entre eux.

    Cette fois, c’est sur un bâtonnier, Tahir Elçi, président de l’Ordre des avocats de Diyarbakir, qu’ils ont tiré.

    Alors qu’il portait un message de paix. Il venait de déclarer « Nous ne voulons ici ni armes, ni attentats, ni opérations militaires… », au cours d’une conférence de presse où il dénonçait les destructions opérées quelques semaines plus tôt dans le quartier historique de Sur, situé à l’intérieur des murailles du cœur historique de Diyarbakir. Cette parole sera mythique. C’est bien.

    Je l’avais croisé il y a deux mois, lors de la rentrée du barreau turc.

    Il y a quelques semaines, Tahir Elçi, invité sur un plateau de télévision, s’était vu prier d’affirmer que le PKK était un mouvement terroriste. Il avait refusé en faisant observer que c’était incompatible avec sa mission de défenseur de certains membres de ce parti. Il avait été arrêté dans le courant de la nuit, dans les bureaux de l’Ordre des avocats de Diyarbakir. Le ministre de la Justice avait immédiatement annoncé qu’il serait traduit devant une Cour criminelle, avant même que son inculpation soit annoncée.

  • Buvez du vin et vivez heureux ! - Mot du président - 19/11/2015

    Ils ont frappé une salle de concert, des restaurants, un stade de football, des passants.

    Ils ont frappé la culture, la joie de vivre, le sport, la jeunesse.

    Ils ont frappé la liberté, la justice, le respect, notre vouloir vivre ensemble.

    Ils ont frappé au nom d’un message de haine et d’obscurantisme, de folie et de barbarie.

    Ils ont frappé pour nous intimider, pour nous terroriser, pour nous diviser, pour nous pousser à la haine, pour nous entrainer dans leur horreur, pour nous contraindre à renoncer à ce que nous sommes.
     
    Nous ne pouvons céder à cet odieux chantage.

    C’est avec nos valeurs que nous devons leur répondre.

    Pas à coup de lois liberticides, de mesures d’exclusion, d’appels à l’égoïsme et au rejet.

    Bien sûr, il faut tirer les leçons. Mieux comprendre les ressorts de leurs actions, mettre au jour leurs réseaux et leurs stratégies, démasquer leurs complices et les mettre hors d’état de nuire, adopter les mesures de préventions qui réduiront les risques de récidive. Dans le respect du principe de proportionnalité.

    Mais sans nous replier sur nous-mêmes, sans rejeter ceux qui, avant nous, sont les premières victimes de leurs massacres, sans amalgames simplistes ni condamnations systématiques.

    En réaffirmant, au contraire, nos principes les plus fondamentaux.

  • Message d'AVOCATS.BE aux demandeurs d'asile : ne vous découragez pas. La Belgique respecte ses engagements

    A la suite de déclarations de Monsieur Théo Franken, secrétaire d'Etat à l'asile et à la migration, qui dressent un tableau peu encourageant des procédures d'asile en Belgique, AVOCATS.BE publie un message à l'attention des demandeurs d'asile pour leur exposer la façon dont leurs demandes sont traitées, dans le respect des engagement internationaux souscrits par la Belgique.

  • AVOCATS.BE exprime sa solidarité aux barreaux français. Luttons !

    Messieurs les présidents, Messieurs les bâtonniers, chers amis,

    C’est, à nouveau, avec stupéfaction, révolte et dégoût, mais d’abord avec une profonde tristesse, que les avocats francophones et germanophones de Belgique prennent connaissance des odieux attentats qui viennent d’être perpétrés à Paris.

    La barbarie et la folie ont encore frappé, aveuglément.

  • Le chemin des morts, par François Sureau

    Le chemin des morts, par François Sureau, Paris, Gallimard, 2013, 55 pages, 7.5 €.

     

    C’est un tout petit récit mais il ne laisse pas indemne.

    Dans une autre vie, François Sureau, aujourd’hui avocat à Paris, a été auditeur au Conseil d’État. En cette qualité, il a été amené à siéger au sein de la Commission de recours du droit d’asile, équivalent, mais avant la lettre, de notre Conseil du contentieux des étrangers.

    Il y a vu la règle s’affronter à la justice, la raison d’État à la raison, la machine à l’homme.

    Javier Ibarrategui, un dissident basque modéré, eût à comparaître devant lui au moment où, le Franquisme ayant cédé, l’Espagne retrouvait sa place au sein des Nations démocratiques. Ibarrategui se disait en danger de mort s’il devait rentrer au pays. C’était l’époque où les sinistres G.A.L. (Groupes antiterroristes de libération) œuvraient encore en toute impunité.

    Qui fallait-il condamner : l’Espagne ou l’homme qui était devant lui ?

    Ce jour-là, la décision prise n’était sans doute pas la bonne. Comme, de nos jours, lorsque nous renvoyons un Afghan ou un Syrien se faire tuer chez lui…

    Ibarrategui n’est pas tout à fait mort, cependant. Il revit en François Sureau. Il est à ses côtés chaque fois qu’il hésite entre courage et lâcheté, entre confort et engagement. Comme un moteur auxiliaire.

  • Faire d'anciens braconniers de bons gardes-chasses ? - Mot du président - 29/10/2015

    Il y a quelques jours, dans les circonstances qui sont relatées dans la Tribune n°81, AVOCATS.BE a obtenu la fermeture du site Avocat-en-ligne.be, exploité par – il ne faut pas tourner autour du pot - un braconnier du droit.

    Le 21 octobre 2015, j’étais précisément invité à prendre la parole sur ce thème (et quelques autres), par l’Incubateur du barreau de Paris à l’occasion d’un colloque qu’il organisait sur Les nouveaux business models du droit.

    Au centre des préoccupations de nos confrères français, la prolifération de plateformes de services juridiques, lancées sur le net par diverses legal startups.

    Certaines, comme Avocat-en-ligne.be, sont infréquentables. Elles ne respectent rien, ni les consommateurs, ni les principes fondateurs de notre profession : la prohibition des conflits d’intérêts, le secret professionnel, l’indépendance, la loyauté, l’honnêteté… Elles doivent être combattues.

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