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Buvez du vin et vivez heureux ! - Mot du président - 19/11/2015

Ils ont frappé une salle de concert, des restaurants, un stade de football, des passants.

Ils ont frappé la culture, la joie de vivre, le sport, la jeunesse.

Ils ont frappé la liberté, la justice, le respect, notre vouloir vivre ensemble.

Ils ont frappé au nom d’un message de haine et d’obscurantisme, de folie et de barbarie.

Ils ont frappé pour nous intimider, pour nous terroriser, pour nous diviser, pour nous pousser à la haine, pour nous entrainer dans leur horreur, pour nous contraindre à renoncer à ce que nous sommes.
 
Nous ne pouvons céder à cet odieux chantage.

C’est avec nos valeurs que nous devons leur répondre.

Pas à coup de lois liberticides, de mesures d’exclusion, d’appels à l’égoïsme et au rejet.

Bien sûr, il faut tirer les leçons. Mieux comprendre les ressorts de leurs actions, mettre au jour leurs réseaux et leurs stratégies, démasquer leurs complices et les mettre hors d’état de nuire, adopter les mesures de préventions qui réduiront les risques de récidive. Dans le respect du principe de proportionnalité.

Mais sans nous replier sur nous-mêmes, sans rejeter ceux qui, avant nous, sont les premières victimes de leurs massacres, sans amalgames simplistes ni condamnations systématiques.

En réaffirmant, au contraire, nos principes les plus fondamentaux.

Comme la liberté d’expression à laquelle les barreaux européens consacreront, le 10 décembre 2015, leur deuxième journée européenne de l’avocat.
 
Nous n’oublierons pas nos morts. Nous partageons la peine et la douleur de leurs proches. Nous voudrions, par nos pensées, par nos mots, par nos gestes, pouvoir les atténuer. Nous nous sommes tus, ce lundi 16 novembre 2015 à midi, pour leur exprimer notre solidarité et notre révolte. Le même jour, nous avons exprimé cette solidarité, en assemblée générale, par une motion. Nous défilerons à Paris le 11 décembre 2015, sur les Champs-Élysées, en robe noire et nue, pour les honorer, pour nous souvenir, pour leur promettre que nous ferons tout pour ne pas trahir leur mémoire.

Et, en hommage, nous continuerons à vivre, à défendre nos idéaux de liberté, d’égalité et de fraternité, de solidarité, de justice et de dignité. Nos cœurs ne cèderont pas devant ce DAECH.

Sur sa page Facebook, peu avant sa mort, Elif Dogan, l’une des deux victimes liégeoises des attentats, avait écrit : « Buvez du vin et soyez heureux ».

Pour toi, Elif, pour Milko qui est tombé à tes côtés, pour Valentin Ribet, le jeune avocat parisien qui est tombé au Bataclan, pour les 129 autres, pour ceux qui sont tombés à Beyrouth, en Syrie, en Libye ou ailleurs, nous allons continuer à vivre en hommes et femmes libres.

Luttons,