Suivez mes commentaires sur l'actualité de la justice et des barreaux

  • Napoléon dans l'Olympe, par Hippolyte Wouters

     

    Napoléon dans l’Olympe, par Hippolyte Wouters, Bruxelles, Editions Courtelignes, 2015, 32 pages,

     

    « Vos échecs ont donné de l’espoir à grand nombre.
    Vos succès ont grisé ceux qui vivaient dans l’ombre.
    Gloire sans précédent : les asiles de fous
    Sont remplis de clients qui se prennent pour vous ! »

    Quel étrange histoire que celle de ce tyran devenu héros parce qu’on lui laissa le privilège d’écrire sa propre histoire. Comme Jules César. Comment connaitrions-nous Hitler ou Staline si … ?

    Hippolyte Wouters met en scène Napoléon Ier dans un dialogue imaginaire avec Germaine de Staël, qui ne fut pas sa plus fervente admiratrice. Réflexions sur la puissance et la gloire. Des dizaines de milliers de morts contre un rêve de grandeur ? Ou l’entrée dans la modernité ? Trop beau pour être vrai ?

    Il est de ces personnages qui changent l’Histoire, en changeant l’histoire.

    Un petit texte qui se veut d’abord élégant et plaisant. Mais qui nous amène aussi à reconsidérer l’histoire (avec ou sans majuscule ? Je ne sais plus …).

    « Qui n’aime pas les fous et ne veut pas en voir,
    Doit rester dans sa chambre et casser son miroir
     ».

    Drôle d’Histoire…

  • Pot-pourri, pot-au-feu, pot de terre, pot de fer - Mot du président - 17/09/2015

    Il y a concertation et concertation… Il y a audition et audition…

    Celles qui ont été organisées en prélude à l’adoption, que l’on nous annonce pour la première semaine d'octobre en séance plénière de la chambre, font manifestement partie de la deuxième catégorie : la mauvaise … !

    Le projet Pot-pourri I, qui comporte essentiellement des modifications à apporter à notre droit judiciaire, a été transmis par Monsieur le ministre de la Justice aux différents acteurs intéressés. Monsieur le ministre s’est personnellement déplacé auprès de leurs organes représentatifs pour recueillir leurs observations. Nombre d’entre eux ont complété leurs observations orales par des notes écrites, argumentées. Tel fut notamment le cas d’AVOCATS.BE.

  • Les droits de l'homme sont solubles dans la haine - Mot du président - 03/09/2015

    La crise des migrants – puisque c’est par cet affreux mot qu’il semble convenu de l’appeler – fait vaciller notre modèle de société. Sous la prétendue pression que l’actuel afflux de réfugiés exerce sur nos pays, nous en venons à oublier, et les principes fondamentaux sur lesquels nous avons construit nos démocraties, et des évidences solaires.
     
    Au rang des secondes, il faut rappeler que les pauvres gens qui sont aujourd’hui jetés sur les routes, livrés aux mains des passeurs, exploités, rançonnés, entassés dans des cales de bateau ou des compartiments frigorifiques, enfermés derrière des barbelés (tiens cela nous vous rappelle rien), sacrifiés, ne le sont que parce nous, occidentaux, avons été porter l’exploitation, la déstabilisation et la mort chez eux. Certes, nous ne sommes pas responsables de tout. Sans l’intervention américano-anglaise en Irak, la Syrie ne serait pas aujourd’hui un Eden. Sans la colonisation (et la décolonisation), l’Afrique ne serait pas aujourd’hui un continent de paix et de fraternité. Mais il faut reconnaître que, bien plus que la civilisation, c’est la pauvreté, l’exploitation, la mort et l’indignité que nous avons apportées dans ces pays.
     
    Rappelons d’ailleurs que, parmi ceux qui détruisent des temples, qui asservissent et violent des femmes, qui pillent et qui incendient, qui trucident et qui décapitent, il y a des jeunes qui viennent de chez nous, et pas si peu.
     

  • Pot Pourri ? - Mot du président - 02/07/2015

    Le volet pénal du plan justice que Monsieur le ministre Koen Geens nous avait présenté au début de cette année 2015 avait suscité de sérieux espoirs.
     
    AVOCATS.BE s’était réjoui, notamment dans les colonnes de cette Tribune, de la volonté affichée par le ministre de lutter contre la surpopulation carcérale, de favoriser les alternatives à la peine privative de liberté, dont il était annoncé qu’elle serait réservée aux infractions les plus graves, et de réduire drastiquement le recours à la détention préventive, notamment en en limitant la durée maximale.
     
    C’est donc avec une certaine impatience qu’AVOCATS.BE attendait la communication du projet de loi « pot-pourri II » (quel drôle de nom quand même pour un projet de loi), dans l’espoir que celui-ci concrétiserait ces déclarations d’intention.
     
    Force est malheureusement de constater que l’on en est loin.
     
    Plusieurs des mesures envisagées par le projet accroîtraient nécessairement la surpopulation dans les prisons :

         - Si tous les crimes deviendraient correctionnalisables, le taux des peines augmenterait, pour atteindre un maximum de 40 ans d’emprisonnement (en combinant cette mesure avec les limitations déjà apportées aux possibilités de libération conditionnelle, on ne serait pas loin de peines incompressibles) ;

  • Notices de la vie ordinaire

    Notices de la vie ordinaire, par Eric Therer, Eastern Belgium at night Editions, 2010, 58 pages, ? €.

     

    Eric Therer est fasciné par l’ordinaire. Tantôt, il expose la photo de la façade d’un grand magasin Aldi (quoi de plus banal ?), tantôt, un frigo rempli de canettes de bières (produits blancs, bien sûr).

    Ici, il s’agit de rassembler une cinquantaine d’extraits de rapports d’expertise médicale. En quelques phrases, des hommes et des femmes sont décrits,  résumés, enfermés.

    « Elle se considère incapable de maintenir un réseau social et dit ne plus en avoir la force. Elle n’entretient aucune relation amicale. Ses contacts sociaux se limitent aux relations de bon voisinage. Elle a résilié son abonnement internet ». Point.

    Une vie vide. Une vie perdue ? Une vie ordinaire.

    C’est donc une anthologie et non un ana (peut-on appeller cela un anana ?).

    Eric Therer a développé son travail en en faisant une prestation sonore, plus violente :
    https://www.youtube.com/watch?v=15hKBT9T820.

    Difficile, ensuite, de considérer les rapports d’expertise avec le même œil…

  • La fortune Gutmeyer, par Alain Berenboom

    La fortune Gutmeyer, par Alain Berenboom, Bruxelles, Genèse Éditions, 2015, 272 p., 22,50€.

     

    Ce n'est pas seulement un roman policier.

    C'est, certes, une nouvelle enquête de Michel Van Loo, le détective préféré d'Alain Berenboom, cette fois chargé par la troublante Irène de Terrenoir de retrouver l'imposteur qui, à son (très joli) nez et à sa (très précieuse) broche, est allé toucher le magot que son père, le docteur Gutmeyer, avait déposé dans une banque suisse avant de disparaître à Terezin ou à Auschwitz.

    Il y aura bien des rebondissements avant que nous découvrions le mot fin de l'histoire, qui fera voyager notre héros d'une petite pharmacie de Schaerbeek au quartier diamantaire anversois, des bureaux feutrés d'une banque bâloise aux kibboutz du naissant État d'Israël.

    C'est aussi une immersion dans la culture juive, sa permanence, sa singularité, son autarcisme, ses divisions, ses excès : ce qui fait, peut-être, que ce peuple qui s'est autoproclamé élu a souvent été persécuté.

    C'est encore une plongée dans les pages les plus sombres de l'histoire du XXe siècle : pas de blanc, rien que du gris, de toutes les intensités, jusqu'à l'anthracite.

    Mais c'est avant tout un hommage à la preuve définitive de l'existence de Dieu (lequel ? Ça, c'est une autre histoire...) : la Gueuze grenadine.

  • Éradiquons la surpopulation carcérale - Mot du président - 18/06/2015

    Ces 9 et 10 juin 2015, AVOCATS.BE a donc lancé trois actions contre l’Etat belge, devant les tribunaux de première instance de Bruxelles, Liège et Mons, pour dénoncer la surpopulation qui sévit dans les prisons de Forest, Lantin et Mons et pour solliciter sa condamnation à établir et à mettre en œuvre un plan qui éradiquerait cette surpopulation dans les six mois du prononcé des jugements à intervenir.
     
    AVOCATS.BE, on le sait, s’est vu confier par le Code judiciaire la mission de défendre, non seulement les intérêts des avocats, mais également ceux des justiciables. C’est évidemment en s’appuyant sur cette seconde compétence que nous avons décidé d’introduire ces actions.
     
    La Belgique a été condamnée à de nombreuses reprises, tant par la Cour européenne des droits de l’homme que par les juridictions de l’Ordre judiciaire, à indemniser des détenus pour les traitements inhumains et dégradants (au sens de l’article 3 de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales) auxquels ils ont été soumis dans nos prisons.
     

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