Prête-moi ta plume

  • Jacques Vergès, l’ultime plaidoyer, entretien avec François Dessy

    Jacques Vergès, l’ultime plaidoyer, entretien avec François Dessy, l’Aube, 2014, 176 p., 16,80 €.

     

    Pourquoi les avocats sont-ils si redoutés, au point que les dictateurs ne cessent de les menacer, de les emprisonner, de les exécuter, de les assassiner ?

    Sans doute parce qu’ils brisent les lignes. Celles qui séparent le vrai du faux, l’innocence de la culpabilité, le bien du mal.

    « Le mot ‘humanité’ au singulier désigne à la fois le genre humain dans sa totalité et le sentiment de compassion que chacun doit éprouver pour tous ses semblables. S’il est un mot qui exclut l’exclusion, c’est bien celui-là. L’humanité c’est tous ou personne », dit Jacques Vergès.

    Vergès les a défendu tous, les héros et les criminels. Mais où est la ligne qui sépare les uns des autres ? Est-ce seulement la victoire qui les distingue ? Les auteurs de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen sont aussi ceux qui ont fait régner la terreur. Benjamin Franklin est du camp de ceux qui ont massacré (génocidé ?) les indiens. Où classer Mandela, le Che, Mao, Ali Bhutto, Omar Bongo, Laurent Gbagbo, Barbie, Carlos ? L’histoire a dit. L’histoire dira. Mais est-elle un juge intègre ?

  • Roland Dumas, le virtuose diplomate, par François Dessy

    Roland Dumas, le virtuose diplomate, entretien avec François Dessy, l’Aube, 2014, 270 p., 22 €.

     

    « Ce sont les minorités qui font le changement. Quelquefois elles ont raison, parfois elles ont tort, mais qu’est-ce qui fait le tort et la raison ? C’est le succès, c’est le vainqueur. C’est le vainqueur qui a raison ».

    Cette phrase de Roland Dumas renvoie, comme un écho, aux propos de Jacques Vergès, auquel François Dessy avait consacré son premier « Grand entretien ». Mais Dumas a fini par choisir le camp des vainqueurs. Cela fait une énorme différence.

    Il fut l’avocat de Pierre Mendès-France, de Tixier-Vignancour, de Jean Genet, de Chirico, de Braque, de Chagall, de la famille Giacometti. Et bien sûr de Francis Jeanson, de François Mitterand. Et aussi de Lacan. Et aussi de Picasso.

    Il fut le ministre des affaires étrangères de Mitterand, avant d’être, sept ans durant, président du Conseil constitutionnel.

    Une incroyable carrière pour ce fils d’un fonctionnaire des impôts, exécuté par les nazis durant la guerre 40-45.

    C’est autour de ce parcours que tourne la conversation. C’est brillant. C’est cultivé. C’est éclairant. Un peu trop complaisant sans doute. Un peu trop p(h)arisien à mon goût. Ou un peu trop politique et pas assez avocat. Un peu trop historiettes et pas assez débats.

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