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Roland Dumas, le virtuose diplomate, par François Dessy

Roland Dumas, le virtuose diplomate, entretien avec François Dessy, l’Aube, 2014, 270 p., 22 €.

 

« Ce sont les minorités qui font le changement. Quelquefois elles ont raison, parfois elles ont tort, mais qu’est-ce qui fait le tort et la raison ? C’est le succès, c’est le vainqueur. C’est le vainqueur qui a raison ».

Cette phrase de Roland Dumas renvoie, comme un écho, aux propos de Jacques Vergès, auquel François Dessy avait consacré son premier « Grand entretien ». Mais Dumas a fini par choisir le camp des vainqueurs. Cela fait une énorme différence.

Il fut l’avocat de Pierre Mendès-France, de Tixier-Vignancour, de Jean Genet, de Chirico, de Braque, de Chagall, de la famille Giacometti. Et bien sûr de Francis Jeanson, de François Mitterand. Et aussi de Lacan. Et aussi de Picasso.

Il fut le ministre des affaires étrangères de Mitterand, avant d’être, sept ans durant, président du Conseil constitutionnel.

Une incroyable carrière pour ce fils d’un fonctionnaire des impôts, exécuté par les nazis durant la guerre 40-45.

C’est autour de ce parcours que tourne la conversation. C’est brillant. C’est cultivé. C’est éclairant. Un peu trop complaisant sans doute. Un peu trop p(h)arisien à mon goût. Ou un peu trop politique et pas assez avocat. Un peu trop historiettes et pas assez débats.

Il y a quelques creux. Quelques couteaux qui auraient pu tourner dans des plaies.

Mais aussi des moments extraordinaires.

Ainsi cet instant où, parmi ses proches, Mitterand choisit Dumas, l’investit comme son successeur, pour le cas où…, tout en concédant qu’il est peut-être trop âgé.

Mais, surtout peut-être, ce dialogue entre Picasso et un officier allemand devant Guernica. « C’est vous qui avait fait cela ? » demande le SS. « Non, c’est vous » répond Picasso.

« La vie est trop courte pour être laissée dans la médiocrité ».

Et la vie de Roland Dumas fut tout, sauf médiocre…