La fortune Gutmeyer, par Alain Berenboom, Bruxelles, Genèse Éditions, 2015, 272 p., 22,50€.
Ce n'est pas seulement un roman policier.
C'est, certes, une nouvelle enquête de Michel Van Loo, le détective préféré d'Alain Berenboom, cette fois chargé par la troublante Irène de Terrenoir de retrouver l'imposteur qui, à son (très joli) nez et à sa (très précieuse) broche, est allé toucher le magot que son père, le docteur Gutmeyer, avait déposé dans une banque suisse avant de disparaître à Terezin ou à Auschwitz.
Il y aura bien des rebondissements avant que nous découvrions le mot fin de l'histoire, qui fera voyager notre héros d'une petite pharmacie de Schaerbeek au quartier diamantaire anversois, des bureaux feutrés d'une banque bâloise aux kibboutz du naissant État d'Israël.
C'est aussi une immersion dans la culture juive, sa permanence, sa singularité, son autarcisme, ses divisions, ses excès : ce qui fait, peut-être, que ce peuple qui s'est autoproclamé élu a souvent été persécuté.
C'est encore une plongée dans les pages les plus sombres de l'histoire du XXe siècle : pas de blanc, rien que du gris, de toutes les intensités, jusqu'à l'anthracite.
Mais c'est avant tout un hommage à la preuve définitive de l'existence de Dieu (lequel ? Ça, c'est une autre histoire...) : la Gueuze grenadine.