Suivez mes commentaires sur l'actualité de la justice et des barreaux

  • In memoriam, Maître Tahir Elçi - Mot du président - 03/12/2015

    Ils se croient des anges, ils ne sont que des démons.

    Ils promettent le paradis, ils sèment l’enfer.

    Ils parlent de Dieu, ils servent le diable.

    Ils croient défendre l’Islam, ils ne font que porter la haine sur les musulmans, bien injustement pour l’immense majorité d’entre eux.

    Cette fois, c’est sur un bâtonnier, Tahir Elçi, président de l’Ordre des avocats de Diyarbakir, qu’ils ont tiré.

    Alors qu’il portait un message de paix. Il venait de déclarer « Nous ne voulons ici ni armes, ni attentats, ni opérations militaires… », au cours d’une conférence de presse où il dénonçait les destructions opérées quelques semaines plus tôt dans le quartier historique de Sur, situé à l’intérieur des murailles du cœur historique de Diyarbakir. Cette parole sera mythique. C’est bien.

    Je l’avais croisé il y a deux mois, lors de la rentrée du barreau turc.

    Il y a quelques semaines, Tahir Elçi, invité sur un plateau de télévision, s’était vu prier d’affirmer que le PKK était un mouvement terroriste. Il avait refusé en faisant observer que c’était incompatible avec sa mission de défenseur de certains membres de ce parti. Il avait été arrêté dans le courant de la nuit, dans les bureaux de l’Ordre des avocats de Diyarbakir. Le ministre de la Justice avait immédiatement annoncé qu’il serait traduit devant une Cour criminelle, avant même que son inculpation soit annoncée.

  • Buvez du vin et vivez heureux ! - Mot du président - 19/11/2015

    Ils ont frappé une salle de concert, des restaurants, un stade de football, des passants.

    Ils ont frappé la culture, la joie de vivre, le sport, la jeunesse.

    Ils ont frappé la liberté, la justice, le respect, notre vouloir vivre ensemble.

    Ils ont frappé au nom d’un message de haine et d’obscurantisme, de folie et de barbarie.

    Ils ont frappé pour nous intimider, pour nous terroriser, pour nous diviser, pour nous pousser à la haine, pour nous entrainer dans leur horreur, pour nous contraindre à renoncer à ce que nous sommes.
     
    Nous ne pouvons céder à cet odieux chantage.

    C’est avec nos valeurs que nous devons leur répondre.

    Pas à coup de lois liberticides, de mesures d’exclusion, d’appels à l’égoïsme et au rejet.

    Bien sûr, il faut tirer les leçons. Mieux comprendre les ressorts de leurs actions, mettre au jour leurs réseaux et leurs stratégies, démasquer leurs complices et les mettre hors d’état de nuire, adopter les mesures de préventions qui réduiront les risques de récidive. Dans le respect du principe de proportionnalité.

    Mais sans nous replier sur nous-mêmes, sans rejeter ceux qui, avant nous, sont les premières victimes de leurs massacres, sans amalgames simplistes ni condamnations systématiques.

    En réaffirmant, au contraire, nos principes les plus fondamentaux.

  • Message d'AVOCATS.BE aux demandeurs d'asile : ne vous découragez pas. La Belgique respecte ses engagements

    A la suite de déclarations de Monsieur Théo Franken, secrétaire d'Etat à l'asile et à la migration, qui dressent un tableau peu encourageant des procédures d'asile en Belgique, AVOCATS.BE publie un message à l'attention des demandeurs d'asile pour leur exposer la façon dont leurs demandes sont traitées, dans le respect des engagement internationaux souscrits par la Belgique.

  • AVOCATS.BE exprime sa solidarité aux barreaux français. Luttons !

    Messieurs les présidents, Messieurs les bâtonniers, chers amis,

    C’est, à nouveau, avec stupéfaction, révolte et dégoût, mais d’abord avec une profonde tristesse, que les avocats francophones et germanophones de Belgique prennent connaissance des odieux attentats qui viennent d’être perpétrés à Paris.

    La barbarie et la folie ont encore frappé, aveuglément.

  • Le chemin des morts, par François Sureau

    Le chemin des morts, par François Sureau, Paris, Gallimard, 2013, 55 pages, 7.5 €.

     

    C’est un tout petit récit mais il ne laisse pas indemne.

    Dans une autre vie, François Sureau, aujourd’hui avocat à Paris, a été auditeur au Conseil d’État. En cette qualité, il a été amené à siéger au sein de la Commission de recours du droit d’asile, équivalent, mais avant la lettre, de notre Conseil du contentieux des étrangers.

    Il y a vu la règle s’affronter à la justice, la raison d’État à la raison, la machine à l’homme.

    Javier Ibarrategui, un dissident basque modéré, eût à comparaître devant lui au moment où, le Franquisme ayant cédé, l’Espagne retrouvait sa place au sein des Nations démocratiques. Ibarrategui se disait en danger de mort s’il devait rentrer au pays. C’était l’époque où les sinistres G.A.L. (Groupes antiterroristes de libération) œuvraient encore en toute impunité.

    Qui fallait-il condamner : l’Espagne ou l’homme qui était devant lui ?

    Ce jour-là, la décision prise n’était sans doute pas la bonne. Comme, de nos jours, lorsque nous renvoyons un Afghan ou un Syrien se faire tuer chez lui…

    Ibarrategui n’est pas tout à fait mort, cependant. Il revit en François Sureau. Il est à ses côtés chaque fois qu’il hésite entre courage et lâcheté, entre confort et engagement. Comme un moteur auxiliaire.

  • Faire d'anciens braconniers de bons gardes-chasses ? - Mot du président - 29/10/2015

    Il y a quelques jours, dans les circonstances qui sont relatées dans la Tribune n°81, AVOCATS.BE a obtenu la fermeture du site Avocat-en-ligne.be, exploité par – il ne faut pas tourner autour du pot - un braconnier du droit.

    Le 21 octobre 2015, j’étais précisément invité à prendre la parole sur ce thème (et quelques autres), par l’Incubateur du barreau de Paris à l’occasion d’un colloque qu’il organisait sur Les nouveaux business models du droit.

    Au centre des préoccupations de nos confrères français, la prolifération de plateformes de services juridiques, lancées sur le net par diverses legal startups.

    Certaines, comme Avocat-en-ligne.be, sont infréquentables. Elles ne respectent rien, ni les consommateurs, ni les principes fondateurs de notre profession : la prohibition des conflits d’intérêts, le secret professionnel, l’indépendance, la loyauté, l’honnêteté… Elles doivent être combattues.

  • AVOCATS.BE interpelle le président Kabila quant à la situation de Mes Muyambo et Tshibamgu

    Le bâtonnier de Lubumbashi, Maître Muyambo, est détenu depuis plusieurs mois, dans des conditions qui portent gravement atteinte à sa santé.

    Maître Kalala Tshibamgu (barreau de Kinshasa- Gombé) a été arrêté le 29 septembre 2015 à la suite d'un conflit d'honoraires dans le cadre d'un litige qui l'oppose à la RDC après qu'il l'a défendue dans un procès contre l'Ouganda.

    Au nom d'AVOCATS.BE, j'interpelle le président Kabila au sujet de ces deux dossiers.

  • AVOCATS.BE dénonce l'arrestation du bâtonnier de Dyarbakir, Me Tahir Elçip

    Le bâtonnier de Dyarbakir (Turquie), Maître Tahir Elçip, a été arrêté à la suite d'une émission de télévision au cours de laquelle il lui a été demandé de condamner les activités du PKK, ce qu'il a refusé de faire, en raison du fait que, quoiqu'il se soit nettement démarqué de ce parti, il défend certains de ses partisans devant les juridictions pénales de son pays. Il a été mis en prévention d'apologie du terrorisme. Le ministre de la Justice turc a annoncé, dès avant que Me Tahir Elcip soit présenté à son juge, il serait déféré devant le tribunal pénal.

  • Éthers noirs, par Michel C.J. Westrade

    Éthers noirs, par Michel C.J. Westrade, Mouscron, Chloé des Lys (www.editionschloedeslys.be), 2013, 122 pages, 13,5 €.

     

    « … tant il est vrai que l’homme est insaisissable, à nulle circonstance réductible et que les lois qu’il se forge, qu’elles soient de nature ou autres, se réduisent en éclats insignifiants ».

    Les hommes et les femmes, Michel C.J. Westrade essaie pourtant d’en capter l’essence. Pas celle des livres d’histoire, qui repose sur « des suppositions, des insinuations ayant prétention à dire la vérité mais, la plupart du temps, travestissant le réel ». Celle que l’on trouve dans les regards, dans les lézardes des murs, dans de vieilles photographies jaunies : traces et souvenirs.

    Des hommes et des femmes qui viennent de terres noires, de côtes plombées, sous des nuages éthérés. Ce ne sont pas des hits. Ils s’appellent Henri, Jeanne, Judith, Amédée, Joseph ou Félicien. Parfois on les nomme par leur sobriquet, leur fonction ou, tout simplement, par un nom que les rend communs : l’abbé, le trimardeur, l’enfant …

    Ils ont vécu une guerre perdue qui fut pourtant gagnée. Soit eux-mêmes, soit par procuration. Aucun n’en est sorti indemne. Ils ont souffert. Ils ont ri. Ils ont pleuré. Ils ont vécu.

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