La nuit commencera, par Thierry Illouz
Posté le 25/02/2015La nuit commencera, par Thierry Illouz, Paris, Buchet-Chastel, 2014, 192 p ., 14 €.
Il y a des victimes dont on ne parle jamais.
Il y a des victimes dont personne ne parle.
Elle est vendeuse. Parce qu’elle n’a pas terminé ses études. Alors que ses parents lui disaient que si elle ne les terminait pas, elle finirait vendeuse. Ou parce que ses parents lui ont dit que, si elle ne les terminait pas, elle finirait vendeuse.
Elle est mère. Parce qu’un homme est passé un jour, qui l’a aimée, qu’elle a aimé. Elle en gardé ce fils qu’elle aime tant. Un fils pour lequel elle a sacrifié sa vie de femme.
Et ce fils est maintenant un assassin.
Face à elle, il y a ceux dont il a brisé la vie.
Et autour d’elle, tous les autres, qui la regardent, qui chuchotent, qui se taisent lorsqu’elle arrive, qui, parfois, tentent un mot de réconfort, emprunté, maladroit, gêné, si cruel…
La cour d’assises. Ce qui s’y dit. Ce qui ne s’y dit pas. Les creux sur lesquels le jury jugera.
La présidente qui voudrait lui tirer des mots qu’elle ne parvient pas à prononcer. Comme un abandon.
L’expert psychiatre qui parle d’une enfance sans père, sans repère. Comme une condamnation.
La juge d’instruction. Professionnelle. Trente ans. Comment peut-on juger lorsque l’on n’a pas encore vécu ?