Suivez mes commentaires sur l'actualité de la justice et des barreaux

  • Pas de quartier ? par Pierre Joxe

    Pas de quartier ?, par Pierre Joxe, Paris, Fayard, 2012, 320 pages, 19,3 euros.

    En attendant, il y a une enfant maltraitée en France par un droit maltraité. Un droit assez tordu pour qu’elle puisse être expédiée en prison pour un petit larcin, alors que l’ancien président de la République française échappe à toute poursuite pendant des lustres pour des détournements de millions connus et reconnus de tous ! C’est d’ailleurs durant le dernier mandat de ce président, alors qu’il multipliait les manœuvres pour échapper à la justice, qu’a été lancée par un de ses obligés la grande offensive politique contre un prestigieux héritage de la Résistance : l’ordonnance du 2 février 1945 « relative à l’enfance délinquante ».

    Pierre Joxe, plusieurs fois ministre (Industrie, Intérieur, Défense) sous François Mitterrand, puis président de la Cour des comptes et membre du Conseil Constitutionnel, a décidé, en 2010, à l’âge de 76 ans, de revêtir la robe d’avocat et de se consacrer à la défense des mineurs.

    Il nous livre un témoignage saisissant, commençant par une série de portraits de toute cette jeunesse marginalisée, maltraitée, reléguée dans les oubliettes, désocialisée : petites voleuses, petites frappes, lycéens incendiaires, braqueurs, fugueurs, enfants violés devenus eux-mêmes violeurs, apaches.

  • Mohamed al-Roken, avocat en danger

    Mohamed al-Roken est un avocat émirati basé à Dubaï.

    Ancien professeur de droit constitutionnel et président de l’association des juristes de l’UAE, il a été harcelé pendant de longues années pour ses activités de défense des droits humains. Arrêté à deux reprises en 2006, il voit son passeport confisqué, il est interdit de voyage à l’étranger et fait l’objet d’une surveillance constante.

  • 1857 : la littérature en procès, par Emmanuel Pierrat

    1857 La littérature en procès, par Emmanuel Pierrat, Paris, Hermann, 2021, 220 pages, 22,1 euros.

    Attendu que l’erreur du poète, dans le but qu’il voulait atteindre et dans la route qu’il a suivie, quelque effort de style qu’il ait pu faire, quel que soit le blâme qui précède ou qui suit ses peintures, ne saurait détruire l’effet funeste des tableaux qu’il présente au lecteur, et qui, dans les pièces incriminées, conduisent nécessairement à l’excitation des sens par un réalisme grossier et offensant la pudeur ;

    Attendu que Baudelaire, Poulet-Massis et De Broise ont commis le délit d’outrage à la morale publique et aux bonnes mœurs, savoir : Baudelaire, en publiant ; Poulet-Massis et De Broise en publiant, vendant et mettant à la vente, à Paris et à Alençon, l’ouvrage intitulé Les Fleurs du mal, lequel contient des passages ou expressions obscènes ou immorales ;

    C’est en ces deux attendus que, le 21 août 1857, le tribunal de Paris ordonna que soient retirés des Fleurs du mal six des plus beaux poèmes jamais écrits, dont le somptueux Les bijoux.

    « La très chère était nue et, connaissant mon cœur,

    Elle n’avait gardé que ses bijoux sonores

    Dont le riche attirail lui donnait l’air vainqueur

    Qu’ont en leurs jours heureux les esclaves des maures… »

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  • Quelque chose que dans mon coeur je regrette

    Quelque chose que dans mon coeur je regrette

    Dans le n° 27/2021 de la JLMB, je commente une série d'arrêts en matière de crise sanitaire. Les recours soumis à nos hautes juridictions pour contester les mesures gouvernementales adoptées pour juguler la crise sanitaire ont souvent été rejetés. Faut-il y voir de la frilosité ou la manifestation de la recherche par ces juridictions d'un nouvel équilibre entre libertés individuelles et intérêt général ?

  • Maksim Znak, avocat en danger

    Maksim Znak, avocat en danger

    Maksim Znak est un avocat biélorusse.

    Membre du Conseil de coordination et de l’équipe de soutien à l’ancien président emprisonné Viktar Babaryka et avocat des opposantes Svyatlana Tsikhanouskaya et Maryia Kalesnikava, il a, notamment, introduit un recours à la Cour suprême contre la réélection du président Lukashenko.

  • Van Loo disparaît, par Alain Berenboom

    Van Loo disparaît, par Alain Berenboom, Bruxelles, Genèse édition, 2021, 286 pages, 22,5 euros.

    Allons Michel, un peu de déontologie, que diable ! Où est ton sens de la juste cause ?

    D’autant que celle-ci ne semble pas si inacceptable. Traquer de mystérieux fantômes qui terrorisent le château qu’un étrange commerçant, ayant fait fortune dans l’import-export pendant la guerre alors qu’il s’était exilé au Canada, est venu racheter après qu’il eût été confisqué à son rexiste de propriétaire, cela ne serait-il pas une cause noble ?

    Voici donc notre cher détective parti dans le fin fond du Hainaut pour se muer en chasseur de spectres. Quelle imprudence ! Un fantôme en mouvement, c’est plus difficile à saisir qu’une gueuze framboise à l’arrêt.

    Et tandis que ses adversaires ont tôt fait de vider le sinistre manoir de ses occupants, l’enquête fait surgir d’autres ectoplasmes. Il y en a des souvenirs cachés, des silences complices, dans ces villages ruraux du début des années 50. Il est certains secrets qu’il est dangereux d’exhumer.

    Alain Berenboom a l’art d’inscrire ses récits, fantaisistes ou fantastiques, dans l’histoire réelle. L’autre bout de la lorgnette met toujours en lumière des dessous plus ou moins oubliés. Et pas toujours nets.

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    https://latribune.avocats.be/van-loo-disparait-par-alain-berenboom/

  • Boule de juif, par Foulek Ringelheim

    Boule de juif, par Foulek Ringelheim, Bruxelles, Genèse éditions, 2021, 136 pages, 17,5 euros.

    L’antisémitisme, la guerre, l’extermination n’avaient fait que renforcer l’attachement de ma mère à sa judéité, elle était plus juive que jamais. Hitler avait décrété qu’Auschwitz serait notre terre promise : renier le judaïsme eût été parachever le projet nazi. Par un de ces paradoxes dont les enfants ont le secret, à force de m’entendre dire que j’étais un survivant, j’en étais arrivé à me croire immortel, immortel parce que juif.

    Comment se construit un enfant pendant une guerre ? Pendant une guerre où les siens sont traqués pour être exterminés ? Une guerre qui force ses parents à la cacher, à le dissimuler dans un internat dans lequel les siens sont taxés de déicides ? Où, bien sûr, il voudrait être comme les autres, c’est-à-dire pas comme les siens ?

  • Le rapport annuel d'ASF est disponible

    Comme chacun d’entre vous l’imagine, l’année 2020 fut extraordinaire, au sens étymologique du terme, pour ASF : pandémie, fermeture des frontières, confinement, le tout à des rythmes différents selon les continents et les États. Ce n’est pas le contexte idéal pour une ONG dont l’objet est de favoriser l’émancipation du citoyen, l’accès à la justice, les droits de la défense et l’état de droit.

    La pandémie n’a pas frappé égalitairement. Ce sont les plus faibles qui ont d’abord été touchés, ici comme là-bas, mais surtout là-bas.

    Sans se réinventer, ASF a donc dû s’adapter, rebondir : introduction d’actions, en justice ou devant des autorités politiques, pour défendre les droits des migrants, des détenus, des exploités ; monitoring des atteintes aux libertés ; participation au débat sur le passé colonial … Tout en poursuivant, autant que faire se pouvait, nos actions traditionnelles et les missions qui nous ont été confiées par nos mandants et bailleurs de fonds.

    Vous trouverez dans notre rapport d’activité des exemples d’actions que nous menons dans nos différents pays d’intervention (Indonésie, Maroc, Ouganda, République centrafricaine, République démocratique du Congo, Tunisie et Belgique) pour contribuer à un monde plus juste et œuvrer pour la mise en place d’un état de droit basé sur les droits humains.

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