Suivez mes commentaires sur l'actualité de la justice et des barreaux

  • #Agissons, #Poursuivons - Mot du président - 01/10/2015

    Avez-vous déjà observé une mouche tentant de s’évader d’une pièce en se tapant sur la vitre d’une fenêtre fermée ? Elle essaie, elle recommence, elle insiste, elle s’escrime, elle s’épuise, sans résultat.

    Pourtant, si elle pivote de 90 ou 180°, elle constatera qu’il y a, à quelques mètres, une porte ouverte, par laquelle elle pourrait si facilement quitter cette maudite pièce où elle se sent enfermée…

    Don’t try harder… nous disent les américains. Il est généralement inutile de reproduire des efforts identiques, même en les amplifiant, si l’on veut obtenir des résultats différents. Si vous agissez de la sorte, vous ne risquez qu’une chose : le burnout[1].

    C’était le constat de base du congrès du 29 mai 2015, #Agissons.

  • Peau d’âne, par Rosalie Varda-Demy et Emmanuel Pierrat

    Peau d’âne, par Rosalie Varda-Demy et Emmanuel Pierrat, Paris, Edition de la Marinière, 2014, 248 p., 59€.

     

    « Cette injustice vous surprend,
    Mais lorsque vous saurez ses vertus non pareilles,
    Vous ne trouverez pas que l’honneur fut trop grand…
     ».

    Oui, c’est un conte de fée. Pas la vie réelle. Une histoire de prince charmant, de tabou, de bague ensorceleuse, de couleur, de grâce et d’amour. Une histoire de princesse.

    C’était un livre (et même plusieurs). Ce fut un film (et même plusieurs).

    C’est devenu un album.

    Chef d’œuvre éditorial, cet ouvrage luxueux, qui s’ouvre comme une boîte de chocolats, nous transporte dans l’univers merveilleux et coloré de Jacques Demy, aux côtés de Catherine Deneuve, Jacques Perrin, Jean Marais, Micheline Presle, Delphine Seyrig et quelques autres.

    Et des plumes de Rosalie Varda-Demy, la fille de Jacques, et d’Emmanuel Pierrat, l’avocat qui ne dort jamais, immergé pendant quelques mois dans un univers où le bien finit toujours par transcender le mal, est donc sorti une sorte de trésor, que l’on feuillette et contemple plus qu’on ne le lit.

    « Suis-je vraiment coupable ?
    Quel crime ai-je commis ?
    Je n’ai pas mérité cette vie misérable
    Si un prince charmant
    Ne vient pas m’enlever
    Je fais ici serment que j’irai le trouver
    Moi-même
     ».

  • Napoléon dans l'Olympe, par Hippolyte Wouters

     

    Napoléon dans l’Olympe, par Hippolyte Wouters, Bruxelles, Editions Courtelignes, 2015, 32 pages,

     

    « Vos échecs ont donné de l’espoir à grand nombre.
    Vos succès ont grisé ceux qui vivaient dans l’ombre.
    Gloire sans précédent : les asiles de fous
    Sont remplis de clients qui se prennent pour vous ! »

    Quel étrange histoire que celle de ce tyran devenu héros parce qu’on lui laissa le privilège d’écrire sa propre histoire. Comme Jules César. Comment connaitrions-nous Hitler ou Staline si … ?

    Hippolyte Wouters met en scène Napoléon Ier dans un dialogue imaginaire avec Germaine de Staël, qui ne fut pas sa plus fervente admiratrice. Réflexions sur la puissance et la gloire. Des dizaines de milliers de morts contre un rêve de grandeur ? Ou l’entrée dans la modernité ? Trop beau pour être vrai ?

    Il est de ces personnages qui changent l’Histoire, en changeant l’histoire.

    Un petit texte qui se veut d’abord élégant et plaisant. Mais qui nous amène aussi à reconsidérer l’histoire (avec ou sans majuscule ? Je ne sais plus …).

    « Qui n’aime pas les fous et ne veut pas en voir,
    Doit rester dans sa chambre et casser son miroir
     ».

    Drôle d’Histoire…

  • Pot-pourri, pot-au-feu, pot de terre, pot de fer - Mot du président - 17/09/2015

    Il y a concertation et concertation… Il y a audition et audition…

    Celles qui ont été organisées en prélude à l’adoption, que l’on nous annonce pour la première semaine d'octobre en séance plénière de la chambre, font manifestement partie de la deuxième catégorie : la mauvaise … !

    Le projet Pot-pourri I, qui comporte essentiellement des modifications à apporter à notre droit judiciaire, a été transmis par Monsieur le ministre de la Justice aux différents acteurs intéressés. Monsieur le ministre s’est personnellement déplacé auprès de leurs organes représentatifs pour recueillir leurs observations. Nombre d’entre eux ont complété leurs observations orales par des notes écrites, argumentées. Tel fut notamment le cas d’AVOCATS.BE.

  • Les droits de l'homme sont solubles dans la haine - Mot du président - 03/09/2015

    La crise des migrants – puisque c’est par cet affreux mot qu’il semble convenu de l’appeler – fait vaciller notre modèle de société. Sous la prétendue pression que l’actuel afflux de réfugiés exerce sur nos pays, nous en venons à oublier, et les principes fondamentaux sur lesquels nous avons construit nos démocraties, et des évidences solaires.
     
    Au rang des secondes, il faut rappeler que les pauvres gens qui sont aujourd’hui jetés sur les routes, livrés aux mains des passeurs, exploités, rançonnés, entassés dans des cales de bateau ou des compartiments frigorifiques, enfermés derrière des barbelés (tiens cela nous vous rappelle rien), sacrifiés, ne le sont que parce nous, occidentaux, avons été porter l’exploitation, la déstabilisation et la mort chez eux. Certes, nous ne sommes pas responsables de tout. Sans l’intervention américano-anglaise en Irak, la Syrie ne serait pas aujourd’hui un Eden. Sans la colonisation (et la décolonisation), l’Afrique ne serait pas aujourd’hui un continent de paix et de fraternité. Mais il faut reconnaître que, bien plus que la civilisation, c’est la pauvreté, l’exploitation, la mort et l’indignité que nous avons apportées dans ces pays.
     
    Rappelons d’ailleurs que, parmi ceux qui détruisent des temples, qui asservissent et violent des femmes, qui pillent et qui incendient, qui trucident et qui décapitent, il y a des jeunes qui viennent de chez nous, et pas si peu.
     

  • Pot Pourri ? - Mot du président - 02/07/2015

    Le volet pénal du plan justice que Monsieur le ministre Koen Geens nous avait présenté au début de cette année 2015 avait suscité de sérieux espoirs.
     
    AVOCATS.BE s’était réjoui, notamment dans les colonnes de cette Tribune, de la volonté affichée par le ministre de lutter contre la surpopulation carcérale, de favoriser les alternatives à la peine privative de liberté, dont il était annoncé qu’elle serait réservée aux infractions les plus graves, et de réduire drastiquement le recours à la détention préventive, notamment en en limitant la durée maximale.
     
    C’est donc avec une certaine impatience qu’AVOCATS.BE attendait la communication du projet de loi « pot-pourri II » (quel drôle de nom quand même pour un projet de loi), dans l’espoir que celui-ci concrétiserait ces déclarations d’intention.
     
    Force est malheureusement de constater que l’on en est loin.
     
    Plusieurs des mesures envisagées par le projet accroîtraient nécessairement la surpopulation dans les prisons :

         - Si tous les crimes deviendraient correctionnalisables, le taux des peines augmenterait, pour atteindre un maximum de 40 ans d’emprisonnement (en combinant cette mesure avec les limitations déjà apportées aux possibilités de libération conditionnelle, on ne serait pas loin de peines incompressibles) ;

  • Notices de la vie ordinaire

    Notices de la vie ordinaire, par Eric Therer, Eastern Belgium at night Editions, 2010, 58 pages, ? €.

     

    Eric Therer est fasciné par l’ordinaire. Tantôt, il expose la photo de la façade d’un grand magasin Aldi (quoi de plus banal ?), tantôt, un frigo rempli de canettes de bières (produits blancs, bien sûr).

    Ici, il s’agit de rassembler une cinquantaine d’extraits de rapports d’expertise médicale. En quelques phrases, des hommes et des femmes sont décrits,  résumés, enfermés.

    « Elle se considère incapable de maintenir un réseau social et dit ne plus en avoir la force. Elle n’entretient aucune relation amicale. Ses contacts sociaux se limitent aux relations de bon voisinage. Elle a résilié son abonnement internet ». Point.

    Une vie vide. Une vie perdue ? Une vie ordinaire.

    C’est donc une anthologie et non un ana (peut-on appeller cela un anana ?).

    Eric Therer a développé son travail en en faisant une prestation sonore, plus violente :
    https://www.youtube.com/watch?v=15hKBT9T820.

    Difficile, ensuite, de considérer les rapports d’expertise avec le même œil…

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