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L'or du temps, par François Sureau

L’or du temps, par François  Sureau, Paris, Gallimard, 2020, 850 pages, 27,5 euros.

Si la civilisation est un vernis, le Conseil d’État est donc le vernis de ce vernis. Les meilleurs de ses membres connaissent sa fragilité. Ils tiennent à distance le sexe et les drames, la gaité aussi. Ils y parviennent alors même que leur palais est tout hanté d’ombres maléfiques… On croit au Conseil d’État que les opinions, du moins celles qui ne sont pas des ornements de la conversation mais peuvent disposer à l’action, sont dangereuses[1]. Un État qui, à l’instar de ses serviteurs les mieux nés, n’en aurait pas, serait le plus sûr instrument du bonheur des peuples. C’est pourquoi la jurisprudence administrative lime les dents de toute politique, par peur des catastrophes.

François Sureau est donc devenu immortel la semaine dernière. Il  a rejoint sous la coupole de l’Académie française son (et notre) confrère Jean-Denis Bredin.

L’or du temps est-il, en quelque sorte, sa postulation ?

En parcourant ce livre, je n’ai pu m’empêcher de penser à mon père. Ce livre, il l’aurait adoré et dévoré, tout en le savourant patiemment. Il faut, pour le goûter pleinement, avoir une connaissance encyclopédique de la littérature française. Je ne l’ai pas. Je n’ai donc pu goûter que partiellement à la magie qui s’en dégage.

Mettant ses pas dans ceux d’un peintre surréaliste d’origine est-européenne, Agram Bagramko, François Sureau parcourt la Seine, de ses sources à Paris, à la recherche des écrivains (et, plus généralement, des artistes) qui ont vécu près de ses berges.



[1] Quelle résonnance prend cette phrase, quelques jours après l’immonde mise à mort d’un enseignant par un jeune réfugié endoctriné. Nietzsche avait raison de dire que « les convictions sont des ennemis de la vérité, plus dangereux que les mensonges ».

 

https://latribune.avocats.be/lor-du-temps-par-francois-sureau/