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L'horizon en éclats, par Marie-Bernadette Mars
Après deux superbes romans, Kilissa et, surtout, L’échelle des Zagoria, Marie-Bernadette Mars nous livre ce recueil de ce qu’elle appelle « nouvelles », je dirais plutôt « fragments », qu’elle a recueillis auprès des réfugiés qu’elle a accueillis pendant la crise migratoire que nous vivons. 19 éclats, 19 histoires poignantes, 19 témoignages du malheur que les hommes peuvent infliger aux hommes.
Pourquoi des hommes et des femmes, des jeunes et des vieillards, quittent-ils leur pays, leur ville, leur maison ? Pourquoi abandonnent-ils presque tout, en perdant d’ailleurs généralement le reste pendant leur fuite aux mains des passeurs et des différents escogriffes qui se repaissent de leur infortune ? Pourquoi risquent-ils leur vie sur des coquilles de noix pour tenter de rejoindre nos pays de cocagne, où ils seront traités comme des bêtes ?
La fuite sur les routes, les camps, pourvu que plus jamais, nulle part, les jeunes ne connaissent cela !
Il faut lire cet ouvrage pour comprendre que l’exil ce n’est jamais un plaisir. L’exil, c’est d’abord le malheur. L’exil c’est quand il n’y a plus d’autre possibilité. « Parce que chez moi, il n’y a rien », comme le chante Francis Cabrel.
Marie-Bernadette Mars a recueilli patiemment ces fragments de vie, ces éclats de souffrance, ces regards éteints par le malheur, ces paroles murmurées, et elle nous les restitue dans sa langue fluide et pure, avec simplicité, pour ne rien leur retrancher. Une leçon d’humanité : rendre compte pour que nous n’oublions pas, pour que nous prenions conscience, pour qu’au moins certains sachent.
L’ouvrage se clôt par « L’exilé » un poème dû à la plume d’un de ses jeunes élèves, Félix Katikakis, avec lequel elle publie par ailleurs un recueil de poèmes, Les trois cadrans de la beauté. Journal d’un printemps grec[1].
[1] Félix Katikakis et Marie-Bernadette Mars, Les trois cadrans de la beauté. Journal d’un printemps grec, Namur, Les éditions namuroises, 2019, 92 pages, 20 euros.