Droits de l'homme

Privés de liberté, pas de génie, nouvelles rassemblées par François Dessy

Privé de liberté, pas de génie – Trente prisonniers célèbres, nouvelles rassemblées par François Dessy, Bruxelles, La Pensée et les Hommes, 2022, 464 pages, 30 euros.

Je ne vis plus. Tout au plus, je crois que je continue à exister biologiquement, en suspension dans un espace sombre réduit à quelques mètres carrés.

Aujourd’hui, comme hier et demain, je métabolise le vide émotionnel de la privation de liberté, comme un diabétique le sucre, ce matin, comme les autres matins, qui succèdent à tous les matins, après cette arrestation chez moi, devant mes enfants en pyjama, moi aussi en pyjama, au lever, dans l’odeur du café…

Ainsi reclus, j’attends, comme seule ligne d’horizon, la nuit et la fuite du temps et peut-être le sommeil et ainsi de suite, jusqu’à l’épuisement du besoin d’espoir.

Je suis immobile. Je suis retenu en prison. Je suis enfermé. Je suis un détenu. Je suis un détenu en préventive.

Ils sont trente. Trente parmi des millions. Trente prisonniers. Trente dont la vie avait été mise entre parenthèses.

Mais pas tout à fait. Ceux-là sont restés libres dans leur tête. Ils ont lutté, avec des succès divers, contre l’avilissement. Ils ont tenté de rester des êtres humains.

Salah Hamouri, avocat en danger

Salah Hamouri, né le 25 avril 1985 à Jérusalem, est un avocat franco-palestinien.

En 2005, il est inculpé en Israël d’avoir projeté de tuer le rabbin Ovadia Yosef et pour son appartenance au Front populaire de libération de la Palestine. En 2008, après trois ans de détention administrative, il accepte une procédure de négociation de peine afin d'échapper à une peine éventuelle de quatorze ans. Il est finalement condamné par un tribunal militaire à une peine de sept ans d'emprisonnement.

Le procès Mawda, par Laurent Kennes

Le procès Mawda, par Laurent Kennes, Bruxelles, Kennes éditions, 2022, 216 pages, 19,90 euros.

Ce n’est donc plus « la défense » qui s’exprime face à l’accusation, mais l’avocat, révolté avant tout par le sort que la Belgique réserve à celles et ceux qui, comme les parents de Mawda, comme les autres occupants de la camionnette, comme les milliers de personnes qui, dès que l’occasion se présente et à quel prix que ce soit, tentent de traverser une frontière qui leur est fermée.

L’avocat, révolté par le manque de nuance et de réflexion qui ont dominé les débats autour de ce drame, tant dans le procès judiciaire qu’en dehors. L’avocat, révolté toujours par le sort réservé à cet homme sur les épaules de qui notre société a, injustement, fait peser le poids de la mort d’une enfant.

Le procès n’a pas mis en avant la réalité des migrants. C’est regrettable…

Laurent Kennes a défendu Victor (prénom d’emprunt), le policier dont le tir, accidentel plus que vraisemblablement, a tué la petite Mawda. Il est sorti révolté de ce procès. Il voulait le crier. Il voulait expliquer pourquoi. Il le fait.

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