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  • 100 chansons censurées, par Emmanuel Pierrat et Aurélie Sfez

    100 chansons censurées, par Emmanuel Pierrat et Aurélie Sfez, Paris, Hoebeke – Radio France éditions, 2014, 192 pages, 24,5€.

     

    C’est un hymne à la liberté d’expression, particulièrement bienvenu en ce début d’année 2015.

    Après ses 100 livres censurés (2010), ses 100 images qui ont fait scandale (2011) et ses 100 œuvres d’art censurées (2012), notre confrère parisien Emmanuel Pierrat joint ses forces à celles de la journaliste Aurélie Sfez pour explorer le monde de la chanson.

    Anastasie y a aussi fait des ravages. Et parfois de façon inattendue.

    On n’est pas étonné, bien sûr, de retrouver dans cet inventaire à la Prévert, des titres comme les très engagés Le déserteur de Boris Vian et Parachutiste de Maxime Le Forestier, les très sulfureux Je t’aime, moi non plus et Aux armes, etc. de Serge Gainsbourg ou les très impertinents Miss Maggie de Renaud et God save the Queen des Sex Pistols.

    Moins connus, mais tout aussi évidents le très direct Give Ireland back to the Irish de Paul McCartney, le libertin Embrouille Minet de Bobby Lapointe ou l’odieux Sale pute de Orelsan.

  • Nous sommes Charlie

    La liberté d’expression, la liberté de la presse, la liberté de culte, le respect des différences, le droit à l’humour, le droit à la sécurité, la paix, l’ordre, la justice, la vie : c’est aux valeurs fondamentales qui forment le socle de nos démocraties que se sont attaqués les terroristes qui ont tué des journalistes, des dessinateurs, des policiers, et tous ceux qui étaient autour d’eux, ce 7 janvier 2015 à Paris, dans les locaux de Charlie-Hebdo.

    A l’heure où j’écris ces lignes, j’apprends d’autres attentats, d’autres incidents. D’autres morts. Je ne sais encore s’ils doivent être mis en relation, directe ou indirecte, avec les précédents.

    Au-delà du respect de la douleur des proches des victimes, au-delà de la colère qui nous submerge légitimement, nous devons avant tout réaliser, une nouvelle fois, que la démocratie n’est pas un acquis. Elle doit se mériter, être défendue, tous les jours.

    Les discours de haine n’ont jamais fait qu’attiser la haine.

    Réagissons donc avec fermeté mais avec respect.

    Des manifestations de solidarité sont organisées partout en France, mais aussi dans le monde et, particulièrement, en Belgique (comme au Palais de Justice de Mons, ce jeudi 8 janvier à midi). Les avocats se mobilisent spécialement et cela me paraît naturel car notre mission est, avant tout, de défendre les valeurs qui ont ainsi été violentées.

  • Message de solidarité

    Messieurs le présidents, Messieurs les bâtonniers, chers amis,

    C'est avec stupéfaction, révolte et dégoût, mais d'abord avec une profonde tristesse, que les avocats francophones et germanophones de Belgique prennent connaissance de l'odieux attentat qui vient d'être perpétré à Paris.

    Nos pensées vont d'abord aux victimes, à leurs familles, à leurs proches.

    Nous imaginons que de nombreux avocats français comptent parmi ceux-ci, dont, peut-être, certains d'entre vous. Je forme le souhait que ces quelques mots puissent contribuer à atténuer leur douleur.

    Ce sont les valeurs fondamentales sur lesquelles est assise notre démocratie qui ont été frappées. Nous devons faire front pour les défendre. Je tiens à vous assurer de la totale solidarité du barreau belge dans cette perspective.

    Luttons,

  • Faire plus avec moins - Mot du président

    C’était en 2015, et Noël approchait,
    Et comme en 1515, les enfants attendaient,

    Le problème était là, bien fier devant nos portes,
    Nous étions blêmes et las devant le Grand Cloporte,
    Il n’y avait plus de sucre, la terre n’en donnait plus...

    C’est ce que chantait Ange, le groupe rock français, en 1974[1] Qui s’en souvient ?

    La prophétie est, malheureusement, en train de s’accomplir. Il reste un peu de sucre, certes. Mais il n’y a plus d’argent. Ni pour la Justice, ni pour les autres départements.

    Monsieur le Ministre de la Justice Koen Geens vient de l’annoncer solennellement à tous les magistrats, greffiers et membres du personnel de l’Ordre judiciaire, par une correspondance du 5 janvier 2015. 4 % d’économie en frais de personnel[2] en 2015, puis trois fois 2 % supplémentaires en 2016, 2017 et 2018 : c’est son ordre de mission. Il nous dit vouloir le modifier, en retardant un peu l’essentiel de l’effort, pour que les mesures de réforme qu’il entend mettre en place aient le temps de sortir leurs effets, et d’alléger la charge de travail. Et il appelle au soutien de tous pour dégager des pistes d’économie, des rationalisations, des simplifications, des améliorations...

  • L’affaire Collini, par Ferdinand von Schirach

    L’affaire Collini, par Ferdinand von Schirach, Paris, Gallimard, 2014, 151 pages, 16.9 €.

     

    « Vous êtes avocat. Vous devez faire ce que font les avocats ».

    Il y a dans cette phrase tous les défis auxquels notre profession est aujourd’hui confrontée.

    Cette déontologie qui est notre force et que nous devons préserver.

    Ce conformisme qui pourrait ne pas nous permettre de l’adapter au monde d’aujourd’hui.

    Mais dans le contexte de ce beau récit, elle tient plus du romanesque que de notre réalité. Caspar Leinen, jeune avocat berlinois qui vient d’être désigné pour sa première affaire d’assises, doit-il accepter la défense de Fabrizio Collini, l’assassin du grand-père de son meilleur ami d’enfance ?

    « Et alors ? », lui répond le vieil et brillant pénaliste qui sera son adversaire. « Dans votre prochain procès, le meurtre vous fera penser à quelque élément tragique de votre enfance. Et dans celui d’après, vous ne cesserez de songer à cette ancienne amie qui a été violée… »

    Il accepte donc. La suite montre qu’il saura préserver son indépendance même s’il évolue dans un contexte qu’aucun bâtonnier n’accepterait.

  • Le 29 mai 2015, tous (ré)unis pour l'avenir de notre profession - Mot du président

    Jamais il n’y a eu dans le monde, et en Europe en particulier, autant d’avocats. C’est vrai en valeur absolue. C’est vrai en pourcentage de la population.

    Jamais le chiffre d’affaire des avocats n’a été aussi important, en tout cas si l’on embrasse dans les statistiques les cinq ou dix dernières années. C’est vrai en valeur absolue. C’est vrai en pourcentage du produit national brut.

    Si, dans le concert politique, la voix de notre profession se fait, sans doute, moins entendre qu’en d’autres temps, comme par exemple au XIXesiècle, l’influence des avocats sur la vie publique est plus grande que jamais. Ce que l’on appelle parfois, de façon sarcastique, le gouvernement des juges c’est d’abord, le gouvernement des avocats, c’est-à-dire le gouvernement de ceux qui portent les causes devant les magistrats et les forcent à les trancher, à la lumière de principes fondamentaux qui, s’ils n’ont pas tous été imaginés par des avocats, ont pratiquement toujours été coulés dans leur forme définitive par ceux-ci. Et pourtant (ou devrais-je dire « et en conséquence »), notre profession est aujourd’hui jalousée, enviée, attaquée, menacée.

  • Indulgences, par Jean-Pierre Bours

    Indulgences, par Jean-Pierre Bours, 2014, Paris, Editions Hervé Chopin, 416 p., 22 €.

     

    Le mal est au cœur du bien.

    Comment mieux en être persuadé qu’en entrant dans ce seizième siècle, à Wittenberg, avec Eva et Gretchen, avec Luther et Cranach, avec le docteur Faust et Frédéric III le Sage ?

    Il y avait la guerre et la peste. Il y avait les soudards et les pillards. Il y avait la dîme et le sou commun.

    Mais surtout la chasse aux fausses sorcières, le trafic d’indulgences, la luxure du clergé.

    Et l’inquisition. La justice était devenue un jeu. Des chats et, face à eux, une souris. Des lettrés qui avaient pour mission de contraindre de jeunes femmes, souvent des paysannes analphabètes, à avouer qu’elles avaient copulé avec le diable, qu’elles se rendaient au Sabbat avec lui en chevauchant des balais, qu’elles empoisonnaient hommes et bêtes et qu’elles pouvaient transformer les sexes en un bouquet de serpents … Pas d’avocat. Rien que des monstres qui, pour arriver à leurs fins usaient d’abord de ruses et de ficelles, puis qui recourraient à la question. Avec plaisir ? Sans doute…

    Le bien avait produit l’horreur absolue.

    Eva et Gretchen, la mère et la fille, tentent de se retrouver dans ce siècle de terreur et de folie. Eva et Gretchen, deux femmes qui luttent.

  • Les murs sont des oreilles - Mot du président

    Les murs sont des oreilles...

    Et aussi des yeux, et aussi des mémoires !

    La surveillance gouvernementale des masses n’est plus un fantasme, le produit de l’imagination débridée de Georges Orwell ou le cauchemar de fous judiciaires paranoïaques.

    Nous savons maintenant que toutes nos communications téléphoniques, électroniques, télématiques,… sont interceptées, enregistrées, stockées, scannées.

    Si elles ne sont pas écoutées, ce n’est pas parce que la technique ne le permettrait pas, mais seulement parce qu’il n’y a pas assez d’oreilles humaines disponibles.

    Les logiciels et les machines qui permettent cet espionnage en grand sont de moins en moins chers, de plus en plus accessibles. Hier, seuls les services secrets des plus grands Etats pouvaient se les offrir. Aujourd’hui, ils sont à la portée de joyeux petits bricoleurs ingénieux. Si certains ne savent plus communiquer sans agiter leur camp, d’autres en jouissent, sans vergogne.

    Le Conseil des barreaux européens (C.C.B.E.), dont, il faut le rappeler, le barreau belge est l’un des fondateurs et membres actifs, a décidé que le 10 décembre serait non seulement la journée internationale des droits de l’homme mais aussi la journée européenne de l’avocat.

    Cette coïncidence est évidemment délibérée.

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