Le dictionnaire de ma vie, par Eric Dupond-Moretti
Posté le 21/09/2018Le dictionnaire de ma vie, par Éric Dupond-Moretti, avec Laurence Monsénégo, Kero, 2018, 228 p., 19,40€.
« Hormis quelques interviews, il ne subsistera rien de mes plaidoirie, de mes trente-trois années de barreau. Là réside la beauté de ce geste éphémère, un brin magique : un homme se lève, en défend un autre puis repart. J’entre dans la vie des gens que je défends, je veux pouvoir en sortir ensuite. Du reste, rares sont les clients avec lesquels j’ai conservé des relations, peut-être y en a-t-il cinq … Je me suis engouffré par effraction, sur une injustice, j’ai fait le job, la personne tente de reprendre le cours ordinaire de sa vie : il est normal que je file ».
C’est le destin des avocats. Mais celui-ci n’est pas n’importe quel avocat. Il a de la gueule, de l’indignation. Certains lui prêtent du courage. Il le réfute : « J’ai côtoyé une avocate tunisienne qui m’a dit admirer mon courage, ce à quoi j’ai répondu que lorsque je poussais un coup de gueule je ne risquais qu’un papier dans Libération, quand pour elle c’était la prison. Qu’aurais-je fait en 1942 ? Je n’ai naturellement pas de réponse, comme qui que ce soit d’ailleurs. Ma grand-mère paternelle a caché deux enfants juifs dans sa ferme du nord de la France, ça c’est du courage. Dénoncer une injustice, dire d’un juge qu’il se tient mal, d’un flic qu’il fait mal son boulot, ce n’est pas du courage, c’est la moindre des choses … ».