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Indulgences, par Jean-Pierre Bours

Indulgences, par Jean-Pierre Bours, 2014, Paris, Editions Hervé Chopin, 416 p., 22 €.

 

Le mal est au cœur du bien.

Comment mieux en être persuadé qu’en entrant dans ce seizième siècle, à Wittenberg, avec Eva et Gretchen, avec Luther et Cranach, avec le docteur Faust et Frédéric III le Sage ?

Il y avait la guerre et la peste. Il y avait les soudards et les pillards. Il y avait la dîme et le sou commun.

Mais surtout la chasse aux fausses sorcières, le trafic d’indulgences, la luxure du clergé.

Et l’inquisition. La justice était devenue un jeu. Des chats et, face à eux, une souris. Des lettrés qui avaient pour mission de contraindre de jeunes femmes, souvent des paysannes analphabètes, à avouer qu’elles avaient copulé avec le diable, qu’elles se rendaient au Sabbat avec lui en chevauchant des balais, qu’elles empoisonnaient hommes et bêtes et qu’elles pouvaient transformer les sexes en un bouquet de serpents … Pas d’avocat. Rien que des monstres qui, pour arriver à leurs fins usaient d’abord de ruses et de ficelles, puis qui recourraient à la question. Avec plaisir ? Sans doute…

Le bien avait produit l’horreur absolue.

Eva et Gretchen, la mère et la fille, tentent de se retrouver dans ce siècle de terreur et de folie. Eva et Gretchen, deux femmes qui luttent.

Jean-Pierre Bours en a tiré un suspense haletant, passionnant parce que, inscrit dans une réalité historique patiemment reconstituée, il mêle la légende (celle de Faust, qui le fascine) à une adroite fiction.

Jean-Pierre Bours aime les femmes. Il ne pourrait le nier. Les personnages féminins de ce roman sont tous, ou presque, des héroïnes, des saintes ou des victimes. Quant aux hommes, disons qu’il n’y en guère qui vaillent qu’on leur adresse autre chose qu’un crachat : c’est un défilé de tortionnaires, de crapules, de scélérats, de corrompus, de sadiques, d’obsédés, …

Mais peut-être en a-t-il toujours été ainsi ? L’horreur est-elle notre condition naturelle, qui ne varierait que de quelques degrés ? Notre destinée est-elle toujours façonnée par ce Méphistophélès dont Jean-Pierre Bours a fait le narrateur de son épopée ?

Si le mal est partout, où est le bien ?

L’épilogue nous en donnera un indice. Ce n’est pas un hasard si Gretchen est le diminutif de Marguerite.

Le bien est au cœur du mal.