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Un instant appuyé contre le vent, par Lionel Jung-Allégret

Un instant appuyé contre le vent, par Lionel Jung-Allégret, Tulle, Al Manar, 2014, 78 pages, 18 €.

 

Un matin nous partons, le cerveau plein de flamme,
Le cœur gros de rancune et de désirs amers,
Et nous allons, suivant le rythme de la lame,
Berçant notre infini sur le fini des mers…

Brillante variation sur Le voyage de Charles Baudelaire, Un instant appuyé contre le vent, long poème en prose de notre confrère parisien Lionel Jung-Allégret, troisième volet d’une trilogie inaugurée par Écorces et continuée par Parallaxes, pose un regard désenchanté sur le parcours de nos vies.

Richement illustré par les encres de Jean Anguera, il nous accueille au cri initial pour nous mener jusqu’au souffle final. Pour quoi ?

« Avancer

 

lèvres ouvertes

à même les lèvres de la terre,

 

Avancer

vers ce qui se tait.

 

Dans le désordre étincelant et sans cesse incertain de chaque jour ».

 

Le désenchantement d’un monde sans transfiguration, sans transcendance, sans transe. Où nous sommes seulement hommes, rien qu’hommes. Sur terre. Pour un instant. Avec le vent qui siffle.

 

« Et s’il fallait avancer ainsi.

 

Fièrement,

Comme si l’on allait vivre jusqu’au front des temps.

Jusques à être broyé par la beauté retirée des cendres.

 

Vivre à bras ouverts. Comme si nous étions vivants.

Dans la seule montée du jour

 

qu’aucune autre vérité ne brûle.

 

Et marcher droit. Marcher haut… ».