Suivez mes commentaires sur l'actualité de la justice et des barreaux

  • Lettre à mes juges / Lettre au procureur du Roi, par Bruno Dayez

    Lettre à mes juges, par Bruno Dayez, Gerpinnes, Samsa, 2021, 46 pages, 8 euros.

    Lettre au procureur du Roi, par Bruno Dayez, Gerpinnes, Samsa, 2022, 52 pages, 8 euros.

    Ce qui m’intéresse, et qui est l’objet de ce petit livre, n’est certainement pas ce qui singularise tel ou tel, mais, au contraire, ce qui est de l’essence de juger que tous partagent à partir du moment où ils sont préposés à le faire. Car juger est un métier, ce dont personne ne s’étonne vraiment, alors qu’il ne va pas forcément de soi d’avoir comme travail rémunéré, non seulement de décider si chaque prévenu est coupable ou non, ce qui suppose d’être toujours dans le « vrai », mais aussi de punir équitablement, ce qui suppose d’être toujours dans le « juste ».

    Par deux longues correspondances (ou petits livres), notre confrère Bruno Dayez s’adresse, d’une part, à « ses » juges, d’autre part, « au » procureur du Roi. Pourquoi cette différence ? Parce que, indique-t-il, tout en s’adressant à la totalité du corps, il n’a voulu évoquer que les juges devant lesquels il a « eu l’honneur de plaider ». Tandis que, pour ce qui concerne le ministère public, il parle à l’institution. Effet de son indivisibilité ? Convenons que cette question rhétorique est finalement peu importante.

  • Si Thu, avocat en danger

    Si Thu est un avocat birman, âgé de 40 ans.

    Basé à Mandalay, l’avocat Si Thu est bien connu pour assumer la défense des intérêts des fermiers dans le cadre de conflits environnementaux ou fonciers les opposants à l’armée (notamment à Pyin Oo Lwin, où l’armée veut exproprier des terres pour construire de nouvelles installations). Depuis 2019, il travaille pro bono pour un groupe d’habitants qui s’oppose à la construction d’une nouvelle cimenterie dans le village d’Aung Tha Pyay.

  • Mes plus beaux procès, par Daniel Spreutels et Denis Goeman

    Mes plus beaux procès, par Daniel Spreutels et Denis Goeman, Gerpinnes, Kennes éditions, 2021, 264 pages, 19,90 euros.

    « Vous devriez écrire un livre, maître » … Si j’ai très souvent entendu cette suggestion, je n’ai jamais eu l’intention de le faire. Qui suis-je pour consacrer à mon parcours de vie un livre ? Je trouvais l’idée aussi prétentieuse que déplacée. Il y a tant d’existences infiniment plus remarquables que la mienne qui mériteraient d’être relatées ».

    La réponse à cette interrogation fondamentale doit certainement être trouvée dans la liste des personnes que l’on croise au détour des pages de cette biographie. Il y a des criminels fameux : Marcel Habran, Geneviève Lhermitte, Richard Remes, Albert la Scoumoune, l’Araignée ou le bel Helmut, … Et puis, et peut-être surtout, des grandes figures du sport : Constant et Roger Vanden Stock, Albert Roosens, Eddy Merckx, Paul Van Himst Gilles De Bilde, Raymond Goethals, Bernard Tapie ou Björn Borg.

    Et tout cela fait des histoires, dont nous avons tous entendu parler et que nous avons plaisir à redécouvrir, par un autre bout de la lorgnette.

    Ce n’est guère Daniel (« Dany ») Spreutels qui parle. C’est Denis Goeman, ancien porte-parole du parquet de Bruxelles, mais surtout ancien collaborateur du maître, qui est à la plume et qui raconte, avec, il faut bien le dire, une certaine complaisance. On n’est quand même pas loin du panégyrique.

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  • Rock'n'roll Justice, par Fabrice Epstein

    Rock’n’roll justice, par Fabrice Epstein, Paris, La manufacture de livres, 2021, 320 pages, 25 euros.

    Comme la justice, le rock raconte des histoires, permet de mieux comprendre l’être humain, d’approfondir ses comportements. Les rockeurs sont des narrateurs. Littérature chantée, poésie parfois, ou borborygmes inanimés pour les plus réactionnaires, le rock met en scène, conte, contredit, évoque des faits, des situations qui provoquent la loi. N’a-t-on pas parlé dans les années soixante-dix d’outlaw rock ? Ce n’est pas pour autant que les rockers qui défient la loi sont les mieux armés pour embrasser la vie des accusés qui attendent le verdict, des condamnés à vivre… dans les prisons. Là-bas, la paillasse est dure, inexorablement.

    Fabrice Epstein est avocat au barreau de Paris, spécialisé dans le droit des sociétés. Fusions et acquisitions, capital investissement, n’ont pas de secret pour lui. Mais il est aussi grand amateur de rock et chroniqueur pour le magazine Rock&Folk.

  • La dernière audience, par Foulek Ringelheim

    La dernière audience, par Foulek Ringelheim, Bruxelles, Genèse éditions, 2021, 128 pages, 17,5 euros.

    La femme arrêta la voiture devant le commissariat de police. Elle alla déposer son fusil sur le bureau de l’agent de service et déclara : « Voilà. Je viens de tuer mon mari. » Elle frissonna enfin et se laissa choir sur une chaise. Elle n’était plus qu’une femme assise. 

    Des magistrats fornicateurs (bon, pas en salle d’audience certes, mais pas loin quand même : dans leur bureau ou dans la salle de délibérations), un greffier « sans paupières et à la bouche cousue » qui conserve son air de greffier même lorsqu’il est en slip de bain, des avocats fats et imbus. Et puis des meurtriers froids, des suicidés passionnés. Des hommes et des femmes confrontés à une justice d’hommes et de femmes…

    Dans la foulée de Boule de juif, les amis du regretté Foulek Ringelheim ont eu la bonne idée de faire éditer ce petit recueil de nouvelles grinçantes. Images d’une justice qui tourne parfois sur elle-même, d’une société qui engloutit et dévore ses membres. Images parfois joyeuses, cocasses, réjouissantes, parfois froides, implacables ou mélancoliques.

  • Timothée Mbuya, avocat en danger

    Timothée Mbuya est un avocat congolais.

    Le 31 juillet 2017, Timothée Mbuya a été arrêté, en compagnie de 6 autres personnes qui organisaient une marche dans le but but de déposer un Mémorandum auprès de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) du Haut–Katanga pour réclamer la publication du calendrier électoral conformément aux accords du 31 décembre 2016. Ils avaient été inculpés de « provocation et incitation à la désobéissance ». Timothée Mbuya fut, un mois plus tard, condamné à 8 mois de prison de ce chef.

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