Prête-moi ta plume

  • Procédure sauvage, par Vincent Malacor

    Procédure sauvage, par Vincent Malacor, éditions Thomas Mols, 2008, 178 p., 18,5€.

    « Voici qu'on prétend sauver la démocratie en bannissant des mots. Des zones de pensée sont désormais interdites, des convictions prohibées. La liste des idées politiquement correctes se réduira bientôt aux seules fonctions alimentaires. Puis, un beau matin ce sera le silence. Un silence cloué sur les portes d'un parlement désert, tous les mots occultés, les rouages du pouvoir soudés dans les ténèbres ».

    Voici quelques-unes des phrases (aphorismes ?) qui émaillent ce « simple petit polar » écrit par Vincent Malacor, alias Vincent Van den Bosch, avocat bruxellois né à Anvers en 1938, décédé en 2009, quelques mois après sa parution.

    C'est dire qu'au-delà de cette histoire, aux traits parfois un peu forcés, de la journée d'un avocat décidé, contre toute raison, à défier la raison d'Etat, il y a une réflexion puissante sur la fonction de l'Etat, de la justice, de la vérité, une remarquable mise en contexte des rôles des juges et des avocats.

    C'est écrit avec une grande élégance, un extraordinaire sens de la formule. Mais aussi nourri d'expérience. En faut-il plus pour qu’un bouquin rende autant de plaisir ?

    Et, finalement, qui sait s'il n'y a pas dans cette histoire sincère plus de vérité que l'auteur lui-même ne le croyait.

  • Je ne pense plus voyager, par François Sureau

    Je ne pense plus voyager, par François Sureau, Gallimard, 2016, 156 p., 15 €.

    « Les hommes qui ne croient pas en Dieu s’éprennent de mille billevesées, Tertullien l’avait déjà dit, et l’on peut facilement adorer son pays, l’État, l’armée, le corps des ingénieurs des ponts, l’entreprise, le marché ou même le droit. « J’ai fondé ma cause sur rien », écrivait Stirner, et il nous donnait ainsi notre devise . Ce rien-là finit toujours par se déployer en banderoles chatoyantes … ».

    Quels poids dans ces mots. Et comme ils résonnent en ce début de siècle qui a perdu la tête.

    Pour son dernier ouvrage , consacré par le prix Combourg-Chateaubriand 2016, François Sureau a choisi de nous livrer une nouvelle biographie d’un célèbre radical, Charles de Foucauld, assassiné dans des circonstances troubles en 1916, à Tamanrasset aux confins du Sahara.

    Pour la lire la suite

  • De l'avocation à l'avocature, par Aurore Boyard

    De l’avocation à l’avocature, par Aurore Boyard, Fortuna Editions, 2016, 296 pages, 23,99€.

    « L’avocat respecte le secret de l’enquête et de l’instruction en matière pénale, en s’abstenant de communiquer, sauf pour l’exercice des droits de la défense, des renseignements extraits du dossier, ou de publier des documents pièces ou lettres intéressant une enquête ou une information en cours … ».

    C’est ainsi que Maître Léa Dumas répond au journaliste qui lui demande des informations sur le client qu’elle vient d’assister dans une garde à vue. Puissent tous les avocats réagir avec la même clairvoyance…

    De l’avocation à l’avocature est le second volume des aventures de cette jeune avocate, sorte de croisement entre Martine et Bridget Jones (le premier volume, L’avocation, avait été publié aux mêmes éditions Fortuna en 2014), qui arpente les Palais de justice, de Paris à Toulon, en passant par Orléans.

  • Maître Emmanuel Pierrat, avocat à la Cour

    Maître Emmanuel Pierrat, avocat à la Cour, par Emmanuel Pierrat, Glénat Jeunesse, 2016, 120 p., 16,5 €.

    « À Bruxelles, en Belgique, le palais de justice est si imposant que plus le « visiteur » approche de l’entrée, plus il se sent petit et impressionné. Le bâtiment, installé sur un plateau, domine la ville d’une masse si sombre qu’après sa construction « Arkitekt ! » (architecte en flamand, une des langues parlées en Belgique) demeura longtemps l’injure locale la plus à la mode ».

    Décidément, c’est difficile d’expliquer la Belgique à un parisien… (bon, il est vrai que la Belgique, c’est un peu comme le Moyen-Orient : si vous comprenez, c’est que l’on vous explique mal…). Non, Emmanuel, « arkitekt », ce n’est pas du flamand mais du patois bruxeleer ! Et les Bruxellois, ci n’ê nin des flamins… Qu’est-ce que tu racontes à nos enfants ?

    Car cet Emmanuel Pierrat, chers confrères, n’est pas pour vous mais pour vos (petits-)enfants.

    Ils veulent savoir ce qu’est un avocat, pourquoi on devient un avocat, pourquoi les avocats portent une robe, ce qu’ils gagnent, ce qu’il font en prison, pourquoi ils défendent les coupables, ce qu’est un secret professionnel ou un conflit d’intérêts ? La réponse est dans ce livre, joliment illustré par Hédi Benyounès.

    ...

  • Les aventures de Mamadou l'avocat

    Les aventures de Mamadou l'avocat, par Viktor Matayo, éd. La Plume d'Or, Bruxelles, 2016, 458 p., 25 €, également disponible sous format kindle.

    « Je recourrai uniquement aux moyens qui sont en accord avec la vérité et l’honneur. Je conserverai la confiance et préserverai les secrets de mon client. Je veillerai à agir avec sincérité et honnêteté dans le cadre de l’exercice de ma profession, au meilleur de mes capacités. Que Dieu me soit en aide ».

    Ce serment c’est celui que prononce Paul Van Dorpen lorsqu’il est reçu au barreau de New York.

    C’est l’une des origines de cette histoire qui entrecroise les vies de ce brillant avocat d’affaires, de ses associés, bruxellois et américains, d’un chef étoilé, d’un réfugié kurde, d’une masseuse philippine spécialisée dans le SM, de quelques membres de la mafia géorgienne, d’une avocate suspendue reconvertie dans des activités plus luxurcratives, d’un trafiquant de main-d’œuvre chinois qui découvre son homosexualité au contact d’un jeune éphèbe magnétique et confucianiste, d’un commissaire de police profondément catholique et de quelques autres avocats aux fortunes diverses.

    https://gallery.mailchimp.com/d552fd66716b81b8fb8f922cc/files/Les_aventu...

  • Le forain

    Le forain, par Michel Claise, éditions Luce Wilquin, 2008, 222 p., 19€.

    « La criminalité financière, Mesdames et Messieurs, est la métastase de notre société moderne ».

    Pourquoi vous parler aujourd’hui de ce roman policier (au sens propre du terme), paru il y a près de dix ans ? Bon, d’abord parce que je viens seulement de le lire. Mais aussi parce qu’il est peut-être plus actuel que jamais.

    C’est l’histoire d’un petit escroc, plutôt doué, belle gueule, quadrilingue, ancien para, issu de parents modestes, malin voire intelligent, travailleur, d’abord honnête puis dégoutté par une faillite injuste, et alors tenté par l’argent facile, surtout qu’il s’accompagne d’une jolie Greta. Un bête incident. Une rixe dans un bar. Et comme l’agresseur est vraiment agressif, un coup de défense mortel part tout seul, ou presque. En prison, on rencontre des gens sympathiques : un avocat rayé et un ancien légionnaire avec une sœur qui en a bavé, par exemple. Tourne le carrousel.

    https://gallery.mailchimp.com/d552fd66716b81b8fb8f922cc/files/Le_forain.pdf

  • Vacances obligatoires en famille

    Vacances obligatoies en famille, par Valentine de le Court, éditions Mols, 2015, 174 p. 18,9€.

    Ainsi font, font, font, les petites marionnettes… Il y a une maman, ses trois filles, ses trois petites-filles. Et aussi quelques hommes : un papa débonnaire et les chevaliers servants de ces dames : les pièces rapportées… Tout ce petit monde est réuni pour une semaine de vacances en Provence, près d’Avignon. La joie et l’exaspération d’être ensemble. Des caprices d’enfants gâtés. Des chamailleries. Des monologues croisés. Plus d’amour que de haine. Puis apparaissent des fissures cachées. Et la fête vire au drame...

  • J’ai des soldats sous mes ordres – Deux mystères évangéliques

    J’ai des soldats sous mes ordres – Deux mystères évangéliques, par François Sureau, Paris, éditions Salvator, 192 pages, 18 €.

     

    « La justice est-elle moins violée quand on la refuse à un seul homme plutôt qu’à deux mille ? Nos maîtres en philosophie ne nous ont-ils pas appris à préférer la justice à tout, fût-ce au prix du ciel s’écroulant sur nos têtes ? »

    Que serait-il advenu si Ponce Pilate avait su ? Qu’en livrant Jésus de Nazareth au sanhédrin, il permettrait à une vague immense de se soulever, qui balaierait l’empire romain, qui serait cause de tant de morts, tant de massacres, tant de guerres, qui ferait émerger un monde nouveau ? Mais pouvait-il échapper à son destin ? Et si même, qui dit que notre monde eût été différent ? Ce Pilate aurait-il pu sauver l’amour ?

    François Sureau, dont j’ai déjà rendu compte, dans ces colonnes, du fulgurant Le chemin des morts, nous livre deux réflexions ignaciennes sur le monde, la foi, la connaissance. Prenant pour point de départ un récit de Roger Caillois consacré à Ponce Pilate, il revient sur une des mythes les plus puissants de notre histoire.

  • Spectacle et Justice : regards croisés sur la justice pénale belge

    Spectacle et Justice : regards croisés sur la justice pénale belge, par K. Vanhaesebrouck, Chr. Guillain et Y. Cartuyvels (éd.) Bruxelles, Racine / Lannoo Campus, 2015, 216 pages, 29,99€.

    « La justice est sans aucun doute un des domaines les plus importants et les plus complexes de toute notre organisation sociale. Et pourtant, tous les acteurs s’accordent pour dire que la justice ne tourne pas rond : le système est désespérément obsolète, manque de ressources et de personnel, n’ose pas s’attaquer aux priorités, ce qui entraîne une énorme perte de temps, tout comme il s’abstient généralement de traiter des problèmes à la racine (le plus souvent d’origine sociale). Beaucoup d’intervenants judiciaires ont dès lors le sentiment qu’ils n’ont fait qu’entretenir l’illusion de rendre la justice, alors que le disfonctionnement du système leur crève les yeux en permanence ».

  • Chroniques de prétoire

    Chroniques de prétoire, par Michèle Bernard–Requin, Paris, 2011, Les carnets de l’info, 205 p., 17 €.

     

    « Personne ne peut vivre impunément aussi longtemps dans ces tristes palais dits « de justice » sans éprouver un jour le désir impérieux d’en sourire, de dessiner à la fois quelques caricatures qui sont autant de dénonciation des impostures quotidiennes et de raconter les instants tragicomiques qui soudain, par inadvertance, viennent surprendre le juge et l’avocat ».

    Voilà le projet, posé en quelques lignes.

    Michèle Bernard–Requin a été avocat (et secrétaire de la Conférence au barreau de Paris), puis substitut. Ensuite, elle a décidé de boire le verre des juges et est devenue magistrat, notamment présidente de cour d’assises. Devant, dans les coulisses, sur le côté, au centre, elle est donc un témoin privilégié, puisqu’elle a participé à la justice sous tous les angles.

    Le but n’est pas d’analyser, de dénoncer, de prêcher ou de convertir. Il s’agit, plus simplement, de dresser un tableau pointilliste, par petites touches d’humanité, en comptant des historiettes ou des anecdotes.

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