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Le dictionnaire ludique & érudit du confinement, par Alain Zenner

Le dictionnaire ludique & érudit du confinement, par Alain Zenner, Waterloo, Luc Pire, 2020, 478 pages, 26 euros.

Gymnastes : « Il refuse de serrer la main de son collègue : un trapéziste se tue ».

Cette petite définition, empruntée à Julie Huon, illustre le côté ludique du dictionnaire du confinement que notre confrère Alain Zenner a composé pendant qu’il était contraint à la solitude. Il y a aussi une face érudite. Ecoutons Alexis de Tocqueville, réinterprété par Hippolyte Wouters, nous parler de la démocratie :

Si la passion de la liberté reste forte dans le cœur des hommes, il y a beaucoup à en attendre. Sinon, j’imagine assez bien sous quels faits nouveaux le despotisme pourrait de produire dans le monde : je vois une foule d’hommes semblables et égaux qui tournent sans repos sur eux-mêmes pour se procurer de petits et vulgaires plaisirs. Chacun d’eux, retiré à l’écart, est comme étranger à la destinée de tous les autres. Au-dessus d’eux s’élève un pouvoir immense et tutélaire qui se charge seul d’assurer leur jouissance et de veiller sur leur sort : il est absolu, détaillé, régulier et doux. Il aime que les citoyens se réjouissent pourvu qu’ils ne songent qu’à se réjouir, il travaille volontiers à leur bonheur mais il veut en être l’unique agent et le seul arbitre ; il pourvoit à leur sécurité, prévoit et assure leurs besoins, facilite leurs plaisirs, conduit leurs principales affaires, dirige leurs industries, règle leurs successions, divise leurs héritages ; que ne peut-il entièrement leur ôter, le trouble de penser et la peine de vivre ? Puis le gouvernement étend ses bras sur la société tout entière : il en couvre la surface d’un réseau de petites règles compliquées, minutieuses et uniformes à travers lesquelles les esprits les plus originaux et les âmes les plus vigoureuses ne sauraient se faire jour ; il ne brise pas les volontés mais il les amollit, les plie et les dirige ; il ne tyrannise pas, il gène, il comprime, il énerve, il éteint, il hébète et réduit enfin chaque nation à n’être qu’un troupeau d’animaux timides et industrieux dont le gouvernement est le berger ».

Un dictionnaire c’est, forcément, un spicilège aux multiples entrées, où les réflexions sont exposées sans autre ordre que celui de l’alphabet. Nous naviguons ainsi entre le burlesque, le plaisant, la connaissance et la réflexion.

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