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Rimbaud / Verlaine, une affaire insolite, par François Swennen

Rimbaud/Verlaine, une affaire insolite, par François Swennen, Paris, Cohen & Cohen, 2024, 96 pages, 21 euros.

Les juges de Bruxelles ne se sont pas fatigués avec le dossier de Paul. Ils ont dit pour droit : « À Bruxelles, le dix juillet mil huit cent septante-trois, Paul Verlaine a volontairement porté des coups et blessures ayant entrainé une incapacité de travail personnel à Arthur Rimbaud ». C’est tout. Dans l’enchainement, ils lui ont infligés la peine la plus sévère édictée par leur code – deux ans d’emprisonnement – pour ce délit, sans aucune autre justification que celle, nauséabonde, qu’ils n’ont pas eu l’honnêteté, ou le courage, ou simplement l’envie, de dévoiler dans les attendus de leur jugement. Ils ont peut-être aussi, tout bêtement, buté sur le mot à choisir – immorales ou plutôt contre-nature – et trouvé moins périlleux, et surtout plus confortable, de se taire.

Ainsi s’exprime l’un des trois témoins que François Swennen a convoqués pour donner un nouvel éclairage sur cette étrange – insolite ? – affaire : le 10 juillet 1873 à Bruxelles, Paul Verlaine tire deux coups de feu sur son jeune amant, Arthur Rimbaud.

Le premier des témoins a-t-il réellement existé ? On n’en est pas sûr. Qui est ce mystérieux Jef Rosman, peintre amateur dont on ne connaît qu’une œuvre, le portrait qu’il réalisa d’Arthur Rimbaud, étendu sur son lit, le regard perdu dans le vide, quelques jours après les coups de feu ? Il est vrai qu’il y a tellement de mystère dans l’histoire de ce jeune poète qui cessa d’écrire avant d’avoir atteint l’âge de vingt ans.

Rimbaud/Verlaine, une affaire insolite par François Swennen | La Tribune