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Grandes plaidoiries et grands procès. L’art de l’éloquence depuis le XVe siècle
Grandes plaidoiries et grands procès. L’art de l’éloquence depuis le XVe siècle, Nicolas Corato (sous la direction de), Prisma-Heredium, 3e édition, 2016, 540 pages, 39,90 euros.
« Le juge est une sentinelle qui ne doit pas laisser passer la frontière ».
Cette phrase, extraite d’un réquisitoire d’Ernest Pinard, prend une singulière résonnance aujourd’hui alors que des ministres n’hésitent pas à appeler des juges à refuser l’accès à notre territoire aux réfugiés qui tentent d’échapper à la guerre, aux persécutions et à la misère.
C’est pourtant dans un tout autre contexte qu’elle a été prononcée. Le procureur Ernest Pinard requérait la condamnation de Charles Baudelaire (et de ses éditeurs) pour outrage public aux bonnes mœurs. Le procès des Fleurs du mal. Maître Chaix d’Est-Ange est à la défense mais il ne pourra éviter que Baudelaire soit condamné à une amende de 300 francs et que quelques-uns de ses poèmes (dont le somptueux Les bijoux) soient interdits de publication. Cette interdiction ne sera levée qu’en 1949, après la cassation de l’arrêt, quatre-vingts ans plus tard.
Pinard avait le nez fin puisqu’il poursuivit aussi Flaubert pour Madame Bovary. Mais, dans ce cas, la somptueuse plaidoirie de Maître Marie-Antoine-Jules Senard lui fit échec.
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