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Murmures à la jeunesse

Murmures à la jeunesse, par Christiane Taubira, Paris, Philippe Rey, 2016, 94 p., 7 €.

 

« Signes ce que tu éclaires, non ce que tu assombris ».

Christiane Taubira convoque René Char, comme Victor Hugo, Aimé Césaire, Paul Éluard et Aragon, Nina Simone, Billie Holiday, Ella Fitzgerald, Jacques Brel, Oum Khalthoum, Georges Brassens, Juliette Greco et Maxime Le Forestier (une fabuleuse tirade, de la page 66 à la page 68), et tant d’autres encore, pour résister à la déchéance de nationalité. Une sorte de front des humanistes éclairés.

Ils sont là.

Comment les nommer ? Comment les nommer bien, c’est-à-dire sans qu’un mot mal choisi ajoute du mal au mal ?

Comment les combattre ? Avec quelles armes ? Comment ne pas commettre à nouveau les erreurs que nous avons déjà commises ? Comment ne pas en commettre d’autres, qui pourraient même être pire ?

Au pays de Descartes, de Montaigne, de La Boétie, de Simone Weil (autre superbe passage, pages 16 et 17), est né le projet de déchoir de la nationalité française ceux qui auront été condamnés pour actes de terrorisme. Cette proposition a été portée par un président socialiste.

Il fallait que des voix s’élèvent pour dire non. Pas par jeu politicien mais parce qu’il est urgent d’obéir à l’injonction d’Édouard Glissant : « Pense avec le monde, il ressort de ton lieu, agis en ton lieu, le monde s’y tient ».

Pour s’opposer, Christiane Taubira a démissionné. Au moment où ses lignes sont parues, elle était toujours dans le combat. Au moment où j’écris celles-ci, François Hollande vient de renoncer à son projet.

Aux côtés de Christiane Taubira, il y a aussi Pablo Neruda :

« Si je meurs survis-moi par tant de force pure,

Que soient mis en fureur le froid et le livide,

Que ton rire et ton pied n’hésitent pas,

Et comme une maison habitent mon absence ».