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Mot du président

Mercredi dernier, 14 mai 2014, Maître Rashid Rehman, un avocat pakistanais renommé, connu pour défendre des causes sensibles, a été assassiné.

Des hommes armés ont ouvert le feu sur lui et deux de ses assistants. Il est décédé à son admission à l’hôpital.

Maître Rashid Rehman avait accepté la défense d’un maître de conférences à l’université Bahauddin Zakariya (Multan – Penjab), Monsieur Junaid Hafeez, accusé, comme aujourd’hui bien d’autres pakistanais, d’avoir dénigré le prophète Mahomet et de s’être, ainsi, rendu coupable du crime de blasphème, puni de la peine de mort.

Aucun avocat n’avait, avant lui, accepté de défendre cette cause, jugée hypersensible. Il faut savoir qu’au cours des dernières années, Messieurs Salman Taseer, gouverneur de la province du Penjab, et Shahbaz Bhatti, ministre des minorités, ont également été abattus pour s’être déclarés favorables à une réforme de cette loi.

De nombreux chrétiens et ahmadis (appartenant au mouvement réformiste musulman ahmadi), en ce compris, récemment, un citoyen britannique (Monsieur Muhammad Asghar), ont été condamnés à mort sur la base de cette loi, dont on dit qu’elle est surtout l’occasion de règlements de comptes légalisés.

Lors de la première audience de l’affaire Hafeez, Maître Rehman avait été menacé de mort par les avocats des plaignants, qui lui avaient dit qu’il « ne serait pas présent à l’audience suivante car il serait mort ».  Maître Rehman ne s’était pas laissé impressionner. Il avait déclaré à ses amis qu’il ne fallait pas avoir peur de la mort. « Une seule piqure de moustique peut suffire à vous tuer », avait-il répondu.

Il en a fallu plus pour le contraindre au silence. Parfois, les mots dérangent.

Les forces obscurantistes sont plus que jamais à l’œuvre au Pakistan, dans ce grand pays allié des Etats-Unis.

Nous voterons dimanche, pour le futur de la Belgique et pour le futur de l’Europe.

En Belgique et en Europe, aujourd’hui, de pareils excès ne sont plus guère à craindre.

Mais souvenons-nous qu’au Pakistan aussi, il fut une époque, pas si lointaine, où la liberté de religion prévalait.

Rien n’est jamais acquis à l’homme, ni sa force, ni sa faiblesse,...

Rashid Rehman est mort parce qu’il a accepté une défense que d’autres avocats refusaient. Pour une cause juste. Pour la liberté, pour la dignité, pour l’humanité. Parce qu’il a été avocat plus que tout autre, jusqu’au bout.

Mon bel amour, mon cher amour, ma déchirure,

Je te porte dans moi comme un oiseau blessé…

Faisons le plein d’énergie pour être prêts à lutter contre toutes les barbaries.