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Si vis pacem... Mot du président - 07/01/2016

Exit MMXV, annus horribilis…

Bonjour 2016, porteuse d’espoirs et, croyons-y, de joies.

Mais surtout porteuse de défis.

Pour nous citoyens, qui avons vu les symboles mêmes de notre civilisation attaqués, foulés au pied, niés.

Pour nous avocats, qui sommes confrontés, d’une part, à une ambitieuse mais restrictive réforme de la justice, d’autre part, à une profusion de projets, souvent d’origine européenne, qui mettent en cause les bases de notre profession (disparition des professions libérales, désormais intégrées dans la notion d’entreprise ? négation de leur spécificité et, dès lors, soumission de celles-ci à toutes les règles applicables aux commerçants, en ce compris faillite et P.R.J. ?).

Pour nous avocats francophones et germanophones de Belgique, affrontés aux défis de l’informatique, de la mise en place de plateformes de services nous permettant de nous connecter avec les greffes, les services d’enquêtes, le registre national, les fichiers divers, d’utiliser/domestiquer des intelligences artificielles pour résister à ce mouvement que l’on appelle l’ubérisation de notre société.

En tant que citoyens, nous devons affirmer haut et clair que si, bien sûr, notre société doit se doter des instruments qui lui permettront de lutter plus efficacement contre le terrorisme et le grand banditisme international, ce doit être dans le respect du principe de proportionnalité. Couper les sources de financement des terroristes et trafiquants, déjouer leurs plans maléfiques, ce n’est pas nous emmurer dans une forteresse, rejeter les réfugiés – premières victimes de ces bandits – à la mer, bigbrotheriser nos mouvements et nos pensées, nier le secret professionnel, l’indépendance des barreaux ou le principe du contradictoire.

En tant qu’avocats, nous devons admettre qu’il est légitime de moderniser notre justice, d’utiliser les progrès de la technique pour faire des économies, de simplifier des procédures qui ne sont plus en phase avec le temps des affaires et le rythme effréné de la vie d’aujourd’hui, d’imaginer des solutions innovantes, plus participatives, moins douloureuses, mais aussi de veiller à ce que le service public de la justice puisse continuer à fonctionner dans le respect de ses prérogatives et de nos droits fondamentaux.

En tant qu’AVOCATS.BE, nous devons dépasser nos réflexes sous-régionaux, lever la tête, ne pas nous murer dans la durée de mandats éphémères, nous enfermer dans les limites étroites de nos intérêts à très court terme, imaginer une politique à moyen terme, voire à long terme. Dessiner les avocats, les barreaux, les Ordres communautaires à l’horizon. Nous donner, ensemble, les moyens de gagner l’avenir.

C’est un vaste programme mais il n’y a pas d’alternative raisonnable.

Les défis sont là. Ils ne sont pas niables. Il faut les affronter. En nous en donnant les moyens, comme nos concurrents le font. Comme les autres barreaux le font. Pas le choix.

Si vis pacem… Et le plus tôt sera le mieux.

Luttons,