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Il y a valeurs et valeur - Mot du président - 21/11/2013

Il y a valeurs et valeur.
 
Les valeurs étaient au centre du colloque organisé par le barreau de Liège et AVOCATS.BE, en prélude à la rentrée solennelle du barreau de Liège : « L’éthique de l’avocat, outil de marketing ou d’engagement ». Vous en lirez le compte-rendu détaillé dans la Tribune n°42. Permettez simplement d’insister sur l’un des exposés, particulièrement stimulant, que nous eûmes le bonheur d’entendre pendant cette riche matinée.
 
Maître Roman Aydogdu, s’appuyant sur les thèses de Lucien Karpik, nous y a rappelé que l’avocat avait gagné ses lettres de noblesse, au XVIIIe et au XIXe siècles, en se faisant le porte-parole de ses principaux clients : les personnes physiques. S’appuyant sur les règles d’éthique héritées du Moyen-âge et de l’époque classique, il s’est fait le chantre de la liberté individuelle, de la dignité et de la solidarité. Cela lui a valu une aura toute particulière, qui s’est d’ailleurs concrétisée par une représentation massive dans les parlements et les gouvernements du XIXe siècle.
 
Certes, ce modèle n’est pas mort. En dehors de nos frontières, de nombreux avocats le font encore vivre aujourd’hui. Je pense tout particulièrement, cette semaine, au bâtonnier du Burundi, Isidore Rufyikiri, dont vous lirez, dans la Tribune n°42 également, qu’il est actuellement sous le coup d’une demande de radiation introduite par le procureur général pour avoir osé critiquer le président de la République au cours d’une conférence de presse ; et au bâtonnier d’Istanbul, Maître Ümit Kocasakal, qui recevra, vendredi prochain, le prix des droits de l’Homme du C.C.B.E. Et de nombreux avocats belges le portent encore aujourd’hui. Je pense, par exemple, à Maître Selma Benkhelifa, dont le témoignage dans notre dernière Tribune n’aura pas manqué de vous émouvoir, et à Maître Sandra Berbuto, qui vient de recevoir, ce 15 novembre 2013, le prix bâtonnier Jacques Henry.
 
Mais aujourd’hui, les avocats ne défendent plus seulement des personnes physiques. Ils sont aussi, et très souvent, les avocats des entreprises. Ceci n’implique-t-il pas un changement de paradigme ? Pour une personne morale, les concepts de dignité, de liberté et de solidarité ne s’approchent pas de la même façon que pour une personne physique. Est-ce à dire qu’elles y sont étrangères ? Pas du tout. Le concept émergeant de responsabilité sociale des entreprises est là pour le démontrer. Les entreprises, aussi, peuvent s’engager pour une plus grande justice sociale, pour un plus grand respect de l’environnement, pour une plus grande égalité, pour une plus grande pluralité. Les avocats ne doivent-ils pas prendre le train de la responsabilité sociale et se trouver, au travers de celle-ci, un nouveau moteur d’engagement, et de reconnaissance ?
 
Mais, au cours de cette quinzaine, nous avons aussi beaucoup parlé de valeur.
 
La taxe sur la valeur ajoutée d’abord. C’est le 26 novembre prochain que le recours en suspension que nous avons introduit contre l’article 60 de la loi du 30 juillet 2013 qui supprime l’exonération de la TVA sur les prestations d’avocats sera examiné par la Cour constitutionnelle. Nous ne manquerons évidemment pas de vous en rendre compte.
 
Dans l’intervalle, notre cycle de formation a débuté, et il rencontre un très grand succès. Je pense que vous pouvez tous apprécier la qualité du travail qui est accompli par ces avocats qui, depuis plusieurs mois, se dévouent pour faire en sorte que l’éventuel passage à la T.V.A. se passe de la façon la plus douce possible.
 
La circulaire d’application nous a été communiquée, dans sa version définitive, ce mercredi 20 novembre 2013. Vous la trouverez ci-après, avec les premiers commentaires de nos administrateurs, Maurice Krings et Xavier Van Gils. C’est un défi important pour la profession. Nous devons nous mobiliser pour passer ce cap.
 
Valeur toujours, avec l’aide juridique. Au cours des dernières semaines, Jean-Marc Picard et moi-même avons rencontré à de nombreuses reprises Madame Turtelboom et les membres de son cabinet. C’est un peu une course contre la montre qui est engagée. Trouver la formule et les moyens de refinancer l’aide juridique, sous cette législature encore. Différentes propositions ont été élaborées. Certaines nous plaisent plus que d’autres. À l’heure où j’écris ces lignes, j’ignore encore quel sera le projet que Madame Turtelboom présentera au conseil des ministres. Nous sommes en tout cas, particulièrement attentifs à tous ces développements, que nous essayons de suivre pas à pas. Là aussi, nous devrions être très prochainement fixés.
 
Nous voici donc engagé dans un sprint effréné vers la fin de l’année. Espérons que l’on y trouvera quelques traits de génie. N’est-ce pas à cela que l’on reconnait la Belgique ? 

Bien confraternellement,