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Marie-Neige, Anna et quelques autres…, par Michel Westrade et Jean-François Van Haelmeersch

Marie-Neige, Anna et quelques autres…, par Michel Westrade et Jean-François Van Haelmeersch, Tournai, 2014-2015, 6 petits volumes réunis en un coffret, 282 pages, 70 €[1].

 

… Et qui n’est, chaque fois, ni tout à fait la même, ni tout à fait une autre …

Qui sont ces femmes que Michel Westrade recherche, comme s’il voulait en exorciser le souvenir ? Marie-Neige, Marie, Sarah, Anna…

Il y a celle qui n’a pas vécu, qui aurait pu être sa grande sœur, qu’il recherche dans les caves d’un Palais de justice, dans les pages jaunies de vieux registres d’état civil.

Il y a celle qui a dit « oui » à un ange, devenant par là-même la mère de tous.

Il y a celle qui est morte dans ses bras, peut-être par sa faute, et son reflet, dont on a retrouvé un matin le corps sur la plage, rejeté par la marée.

Il y a l’amante perdue, qu’il recherche dans les forêts et campagnes d’Ombrie en suivant les chemins qui ne mènent pas à l’oratoire Notre-Dame des Grâces.

Il y a la mère qu’il n’a pas connue, morte trop tôt, morte en secret, morte mystérieusement, dans le silence de l’omerta.

Il y a celle qui attend son enfant, qui attend la vie, qui attend l’espoir, qui attend le sens, qui attend.

Son regard est pareil à celui des statues,

Et pour sa voix, lointaine, et calme, et grave, elle a

L’inflexion des voix chères qui se sont tues.

En cette année Verlaine, Michel Westrade nous livre - en un élégant coffret, composé de six petits recueils, comprenant chacun une ou deux nouvelles, des poèmes, qu’il a écrits ou empruntés, de petits textes rédigés par ses amis et, surtout, des illustrations de son complice, Jean-François Van Haelmeersch - le produit de sa quête, de ses souvenirs, de ses songes. Il dessine le contour d’un visage dont nous ne discernons pas tous les traits. Lui non plus sans doute. Comment le pourrait-il ? Il est tantôt souriant, tantôt grave et, donc, toujours différent.

« Peut-être pour nous initier à cette présence-absence qui définit l’amour, en ses va-et-vient tantôt cruels. Si on ne s’y habitue jamais, tant mieux ; dans l’épaisseur d’un quotidien souvent monotone, répétitif, c’est l’aiguillon du désir – chair autant qu’esprit – qui tient en vie », écrit ainsi Marie-Clotilde Roose, en introduction au troisième de ces volumes.

Quelques faiblesses de typographie ou de mise en page ne perturbent pas le plaisir de suivre Michel Westrade dans ses errances, tant ces dialogues entre lui et Jean-François Van Haelmeersch, entre lui et les auteurs qu’il cite (notamment un fulgurant poème de Forough Farokhzad, Sur terre), entre lui et les amis qui lui répondent, contribuent à une forme originale, qui sert cette œuvre qui oscille au confluent grisé de nos impressions.

« Le vent criait comme femmes en couche et les flocons qu’il répandait, petit à petit devenaient consistants ». Ainsi en est-il aussi de ces nouvelles.



[1]Cet ouvrage est édité à compte d’auteur. Il peut être acquis contre versement de la somme de 70€ au compte BE09 3701 1071 2857 de Michel Westrade.