Suivez mes commentaires sur l'actualité de la justice et des barreaux

  • Tabou, par Ferdinand von Schirach

    Tabou, par Ferdinand von Schirach, Gallimard, 2016, 227 p., 19 €.

    « Tu ne comprends donc pas ? Je faisais fausse route. La beauté n’est pas la vérité… La vérité est atroce, elle a l’odeur du sang et des excréments. Elle est le corps éventré, elle est la tête arrachée de mon père ».

    Ainsi se termine Vert, le premier des quatre volets de ce conte (plutôt que roman à mon estime).

    Sebastian von Eschburg avait dix ans quand son père s’est tiré une salve de chevrotines dans la tête. Il est devenu un homme peu sociable, peu cernable, mais aussi un photographe réputé, dont les œuvres s’arrachent à des prix très élevés. La dernière est inspirée par un travail de Sir Francis Galton qui, au début du XIXe siècle, tenta d’isoler les caractéristiques physiques du mal en superposant et fusionnant les photos de nombreux criminels. Il n’obtint que le même résultat que Sebastian lorsque celui-ci fit de même en superposant les corps de dix-huit jeunes femmes : l’image de la beauté.

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  • En cause Alfred Dreyfus contre La légion du déshonneur

    En cause de Alfred Dreyfus contre La légion du déshonneur, par Roger Lorent et Christian Jassogne, UMons, CIPA, 2015, 252 p., 10 € (à commander par courriel à CIPA@umons.ac.be).

    « Aucun de nous ne peut dire qu’il n’y aura plus d’affaire Dreyfus… Parce que nous devons être à chaque instant sur le qui-vive, restons perpétuellement méfiants. Écartons les apparences, discutons les évidences, récusons les bonnes consciences. C’est parce que l’erreur est la compagne invisible et obstinée de la justice que je me suis attardé … dans l’ombre discrète d’un forçat qui était innocent ».

    « Si le milieu professionnel en charge d’une enquête est trop homogène, le risque de la pensée unique transformant une hypothèse en présomption puis en conviction, est important et celui qui se place à contre-courant traverse inévitablement des moments difficiles… ».

    Au moment où j’écris ces lignes, s’ouvre à Istanbul le procès d’Asli Erdogan, à Pékin celui de Jiang Tianyong, à Bujumbura celui de nos confrères Armel Niyongere, Lambert Nigarura, Dieudonné Bashirahishize et Vitale Nshimirimana. Et Ali Shariati et Arash Sadegi, deux pacifistes iraniens, en sont à leurs 70e et 62e jours de grève de la faim dans leurs geôles. Tout comme Raif Badawi en Arabie Saoudite. Quelques noms parmi, malheureusement, beaucoup d’autres…

  • #Advocaat / Avocat

    #Advocaat – Avocat, sous la direction de Jean-Pierre Buyle et Dominique Matthys, Larcier, 2016, 366 p., 75 €.

    « La vraie générosité envers l’avenir consiste à tout donner au présent ».

    Cette phrase est d’Albert Camus. Et ce sont François Glansdorff et Jean-Marie Defourny, les deux premiers présidents d’AVOCATS.BE, qui nous l’offrent, comme une devise.

    Pour les 15 ans des Ordres communautaires, Jean-Pierre Buyle et Dominique Matthys nous livrent ce que l’on peut appeler un « beau livre », enrichi par de nombreuses photographies et reproductions de documents d’époque.

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  • Le prix des droits de l'homme 2016 du CCBE à quatre avocats turcs

    J'ai eu le plaisir de remettre à la veuve du bâtonnier Tahir Elçi et à Maître Ayse Bingöl Demir, le prix des droits de l'homme 2016 du CCBE.

    Ce prix honore également Maîtres Ayse Açinikli et Ramazan Demir, qui, sous le coup d'une interdiction de quitter le pays, n'ont pu se rendre à Bruxelles pour le recevoir.

     

    Pour plus de détails : http://www.ccbe.eu/fileadmin/speciality_distribution/public/documents/HU...

  • Procédure sauvage, par Vincent Malacor

    Procédure sauvage, par Vincent Malacor, éditions Thomas Mols, 2008, 178 p., 18,5€.

    « Voici qu'on prétend sauver la démocratie en bannissant des mots. Des zones de pensée sont désormais interdites, des convictions prohibées. La liste des idées politiquement correctes se réduira bientôt aux seules fonctions alimentaires. Puis, un beau matin ce sera le silence. Un silence cloué sur les portes d'un parlement désert, tous les mots occultés, les rouages du pouvoir soudés dans les ténèbres ».

    Voici quelques-unes des phrases (aphorismes ?) qui émaillent ce « simple petit polar » écrit par Vincent Malacor, alias Vincent Van den Bosch, avocat bruxellois né à Anvers en 1938, décédé en 2009, quelques mois après sa parution.

    C'est dire qu'au-delà de cette histoire, aux traits parfois un peu forcés, de la journée d'un avocat décidé, contre toute raison, à défier la raison d'Etat, il y a une réflexion puissante sur la fonction de l'Etat, de la justice, de la vérité, une remarquable mise en contexte des rôles des juges et des avocats.

    C'est écrit avec une grande élégance, un extraordinaire sens de la formule. Mais aussi nourri d'expérience. En faut-il plus pour qu’un bouquin rende autant de plaisir ?

    Et, finalement, qui sait s'il n'y a pas dans cette histoire sincère plus de vérité que l'auteur lui-même ne le croyait.

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