L’instruction, par Antoine Bréa, Montréal, le Quartanier, 2021, 320 pages, 21 euros.
Corps défendus, par Laure Heinich, Paris, Flammarion, 2021, 256 pages, 18 euros.
Pourquoi, Mariam ? Oui, pourquoi ? Mais c’est mon travail, non ? Je suis payé pour. On me fait confiance. (J’ai répondu comme ça chichement, médiocrement, les paupières basses, la vérité c’est que je ne savais pas trop bien moi-même. J’ai souri encore et je me suis tu. Mariam non plus n’a plus parlé. Il y a eu une gêne, alors j’ai relevé les yeux du fond de mon verre.) Vous savez, Mariam, vous allez rire parce que je ne suis pas vieux … mais il m’arrive de me sentir comme un de ces maniaques qu’inquiète la retraite parce qu’ils n’ont pas eu de vie sauf au bureau. De me sentir à un stade déjà racorni de l’existence – un stade où, si on n’est pas en entier les fonctions que la société nous donne, on ne sait pas qui on est, qu’est-ce qu’on fiche là. Pourquoi on se lève.
Sur quoi enquête Patrice Favre, jeune juge d’instruction qui vient de prendre son premier poste dans un TGI de la banlieue parisienne ? Est-ce vraiment sur cette affaire sordide de meurtre (ou d’assassinat) d’un « pointeur » (entendez un pédophile) dans la prison où il venait d’être transféré ? Ou sur lui-même ?