Suivez mes commentaires sur l'actualité de la justice et des barreaux

  • Des écoutes illégales dans un commissariat en Flandre orientale

    Dans un commissariat de Flandre Orientale, un local destiné aux entretiens entre les personnes en garde à vue et leurs avocats était sous écoutes.

    Le président d'AVOCATSBE et les bâtonniers francophones dénoncent cette atteinte brutale au secret professionnel, pilier de l'indépendance de la justice.

    Les droits des justiciables sont-ils encore essentiels en Belgique ?

    https://avocats.be/sites/default/files/Carte%20blanche%20d'AVOCATS.BE170521.pdf

  • Le voleur d'amour, par R. Malka + Idiss, par R. Malka et F. Bernard

    Le voleur d’amour, par Richard Malka, Paris, Grasset, 2021, 220 pages, 19,10 euros.

    Idiss, par Richard Malka et Fred Bernard, Paris, Rue de Sèvres, 120 pages, 20 euros.

    Il fait peur parce qu’il n’y a ni mensonge ni vérité en lui. Depuis toute petite, j’aime mentir. Pour rire, pour me protéger ou ne pas accabler, pour le plaisir d’inventer, pour embellir le monde ou jouir d’éprouver le pouvoir des mots. J’aime le mensonge et la vérité. Je crois que l’on ne parvient à la vérité qu’en traversant des forêts de mensonges, même à l’intérieur de soi. Autour d’Adrien, il n’y a ni chênes ni buissons. Il ne ment pas. Il cache ce qu’il est mais ne ment pas. Et je ne perçois aucune vérité en lui ; il est au-delà. S’approcher de lui, c’est avancer dans le noir, dans l’obscurité de sa lassitude.

    Qui est ce mystérieux Adrien von Gott qui semble à la fois si jeune et si vieux ? Qui dit être né à Venise au XVIIIe siècle mais dont il n’y a de traces nulle part ? Qui croit retrouver Clélia, la seule femme qu’il ait jamais aimée, il y a plus de deux siècles, en Anna, une newyorkaise qu’il vient de rencontrer sous le pont de Brooklyn alors qu’elle allait se suicider ?

    Roman de vampires. Roman d’amour. « Plus jamais la vie ne séparera ce que la mort peut unir » a écrit Shelley, qu’Adrien cite souvent.

  • Mémoire d'un juge trop indépendant, par Renaud Van Ruymbeke

    Mémoires d’un juge trop indépendant, par Renaud Van Ruymbeke, Paris, Tallandier, 2021, 304 pages, 20,90 euros.

    Ainsi qu’il soit de gauche ou de droite, le parti au pouvoir adopte le même comportement à l’égard de la justice : il entrave son action pour préserver ses propres intérêts.

    Qui ne connaît le juge d’instruction Renaud Van Ruymbeke ? Celui qui est intervenu dans les affaires Boulin, Urba, frégates de Taïwan, Clearstream, Kerviel, Cahuzac, Karachi, Balkany, …, la terreur des hommes politiques.

    Ce n’est pas le premier ouvrage qui est consacré à ce juge d’instruction d’un courage exceptionnel. Mais celui-ci est écrit par lui-même, avec la collaboration de Jean-Marie Pontaut, auteur de très nombreuses autres enquêtes.

    Trop indépendant ? Peut-on, lorsque l’on est magistrat, être « trop » indépendant ? Dans l’esprit de certains politiciens, oui, manifestement. Il fut un temps, il est vrai, où - dérive typiquement humaine lorsqu’un système tourne sur lui-même ? – la corruption était devenue un mode de financement habituel des partis politiques. A tel point que, lorsque Mitterrand arriva au pouvoir, il se contenta de solliciter un rééquilibrage des contributions occultes d’Elf, sans remettre en cause le principe même de commissions qui avaient été érigées en système depuis la présidence du Général de Gaulle.

     

  • Une affaire si facile, par Francis Szpiner - Secret défense, par Hervé Temine

    Une affaire si facile, par Francis Szpiner, Paris, Le Cherche-Midi, 2020, 152 pages, 17,75 euros.

    Secret défense, par Hervé Temine, Paris, Gallimard, 182 p., 18 €.

    Le mot « aveu » commence comme « aveuglement », et bien souvent cela y conduit.

    « Maître, j’ai tué mon mari ».

    Une petit phrase toute simple, annonciatrice d’une affaire si facile.

    Martine est une femme ordinaire. Excellente et dévouée secrétaire dans une entreprise prospère, très appréciée de son patron. Mariée à un homme un peu hâbleur, bon vendeur de voitures. Mère d’un petit garçon de six ans. Ils occupent tous trois un pavillon de banlieue, selon la formule consacrée.

    Cela c’est la façade. Derrière celle-ci, il y a une réalité plus sordide. Depuis la naissance de leur fils, l’alcôve est devenue un enfer. Il y eût d’abord des pratiques de plus en plus violentes, sodomie et coups. Puis de l’échangisme, d’abord dans des lits, puis sur des capots de voitures, dans les bois. Avec toujours des coups. Avilissement, abêtissement.

    Ce matin, après une nouvelle tentative de sodomisation, Martine a craqué. Elle a décroché le fusil de son chasseur de mari et lui a balancé une bonne décharge de chevrotines. Comment imaginer une affaire plus limpide ?

     

  • Flux, reflux et mascarets, par Corinne Poncin

    Flux, reflux et mascarets, par Corinne Poncin, Les déjeuners sur l’herbe, 2021, 68 pages, 14 euros.

    Tout cela datait d’une période d’agitation mondiale : mars 2020. A cette époque, dans tous les couloirs de tous les ministères, l’on tentait de séduire l’opinion publique car elle était confrontée à de terribles injonctions issues de lois d’exception, et de pouvoirs spéciaux.

    Chacun sait ce que de tels pouvoirs sont capables de concocter et certains, du reste, ne s’en privèrent point.

    Nous étions en 2040 à présent et sans verser dans la superstition, il était clair que ce chiffre, suivant immédiatement 2039, rappelait à certains historiens, employés du pouvoir, qu’il s’agissait d’être prudent, C’est alors que l’État créa le ministère de l’Impossible : il s’agissait d’éviter ce possible de triste mémoire. Ainsi, rien de fâcheux n’adviendrait plus…

    Un flux, c’est un courant. Un reflux, c’est un contre-courant. Un mascaret, c’est la rencontre d’un courant et d’un contre-courant. C’est donc une zone de turbulences.

    Pour son troisième recueil de nouvelles[1], Corinne Poncin fait dans l’épure. Ses textes deviennent plus brefs, plus elliptiques. Entre prose et poésie.

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