Suivez mes commentaires sur l'actualité de la justice et des barreaux

  • Le secret, c'est le droit au droit

    Le secret, c’est le droit au droit

    Il faut n’avoir jamais eu en face de soi un client, qu’il soit MENA, PDG ou PEP (on ne dit plus VIP, sauf erreur), et avoir passé des heures à reconstituer avec lui ce qu’il a fait, pourquoi, pour quoi, avec qui, quand, comment, …, pour ne pas comprendre qu’une véritable justice est inconciliable avec le tout à la transparence, que le conciliabule secret entre l’avocat et son client est la condition indispensable d’une défense efficace.

    C’est en cela que le secret professionnel de l’avocat, tout comme d’ailleurs, dans des mesures qui varient néanmoins, celui du médecin, du psychologue ou du travailleur social, est une garantie indispensable dans notre système juridique. Car sans ce secret qui fonde une confiance indispensable entre l’avocat et son client, le travail du premier en faveur du second est nécessairement tronqué. C’est en ce sens que le secret professionnel de l’avocat est le droit au droit , à l’accès à la justice.

    Il est donc du devoir des Ordres de défendre le secret face à toutes les attaques qu’il subit aujourd’hui au nom de la lutte contre le terrorisme, le grand banditisme, le blanchiment de capitaux, la fraude fiscale, au nom de la protection des personnes vulnérables ou du bon fonctionnement d’institutions comme l’aide juridique ou la sécurité sociale.

  • Kilissa, par Marie-Bernadette Mars

    Kilissa, par Marie-Bernadette Mars, Academia – L’Harmattan, 2016, 110 p., 12,5 €.

    « Ils auraient pu interpréter n’importe quel détail, n’importe quel phénomène à leur avantage, ils étaient capables de saisir une opportunité, de la créer pour en faire une justification de leurs actes. Je crois que c’est ce jour-là que j’ai compris tout à fait combien ceux qui avaient le pouvoir trouvaient des ressources pour utiliser la religion et s’en servir pour gagner les hommes à leur cause ».

    Atrée et Thyeste tuent Chrysippe, leur demi-frère. Thyeste viole sa fille Pelopia, qui épouse Atrée. Agamemnon et Ménélas, les fils d’Atrée, s’exilent à Sparte. Paris enlève Hélène à Ménélas. Agamemnon, pour conjurer le sort qui cloue la flotte grecque au port, sacrifie sa fille ainée, Iphigénie, en l’attirant dans un traquenard. Clytemnestre, la femme d’Agamemnon (et la sœur d’Hélène), prend pour amant, pendant la guerre de Troie, Egisthe, le fils de Pelopia. Avec lui, elle tue Agamemnon lors de son retour. Oreste, fils d’Agamemnon et Clytemnestre, tue Clytemnestre, avec l’aide de sa sœur, Electre.

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  • Jacques Henry (1927-1987)

    Jacques Henry, un souffle qui nous porte depuis 30 ans

    Le 1er avril 1987, le bâtonnier Jacques Henry était tué lors d'une fusillade au Palais de justice de Liège.

    Trente ans après, les avocats se souviennent. Le 29 mars 2017, un cérémonie d'hommage a eu lieu au Palais de Justice. Deux jours plus tard, la J.L.M.B. lui dédiait un numéro spécial, consacré au droit de la jeunesse.

    Les textes publiés en ces deux occasions sont reproduits dans la brochure annexée. Nous les devons aux plumes de François Dembour, bâtonnier du barreau de Liège, Michel Mersch, ancien bâtonnier du barreau de Liège, associé de Jacques Henry, Pierre Defourny, conseiller à la Cour d'appel de Liège, qui fut son dernier stagiaire, Jean-Pierre Buyle, président d'AVOCATS.BE, Dominique Matthys, président de l'O.V.B., Michel Van Doosselaere, qui était bâtonnier du barreau de Bruxelles en même temps que Jacques Henry l'était à Liège, Eric Lemmens, ancien bâtonnier du barerau de Liège, qui était à ses côtés lors de la fusillade, Patrick Henry, rédacteur en chef de la J.L.M.B., Cécile Delbrouck et Malvine Chapelle, ancienne présidente et présidente de la Commission jeunesse du barreau de Liège, et Françoise Tulkens, ancienne vice-présidente de la Cour européenne des droits de l'homme.   

  • Directs du droit, par Eric Dupont-Moretti

    Directs du droit, par Éric Dupont-Moretti et Stéphane Durand-Soufflant, Michel Lafon, 2017, 250 p., 20,40 €.

    « Nous avons tous des secrets, même des petits secrets. Ils font partie de notre humanité et ne regardent personne. Je suis résolument opposé à la transparence. Je refuse de devenir, à cause de la loi, un être transparent. Les palais de justice doivent se calfeutrer pour que les assauts du moralisme restent à leur porte. Mais l’époque n’est pas à ce discours. Les attentats islamistes qui ensanglantent la France sont instrumentalisés par les responsables politiques et je crains qu’une majorité de mes contemporains ne voient pas le danger qu’il y a à abandonner une once des libertés conquises de haute lutte au fil des siècles ».

    On ne pourrait mieux dire …

    Le tandem Dupont-Durand reprend la plume (bon, peut-être le dictaphone) pour nous livrer les réflexions sur la justice pénale du plus médiatique des avocats pénalistes français. Et il n’y va pas avec le dos de la cuillère. Au détour (décours ?) des grandes (Outreau, les écoutes Sarkozy - Herzog, …) comme des petites affaires, il passe à la sulfateuse les indigences de ces petits juges d’instruction sans expérience ni épaisseur qui détruisent des vies plus surement encore que les criminels qu’ils sont chargés de démasquer ou les fanfaronnades de ces présidents d’assises infatués qui jouent avec des destins au nom d’on ne sait quelle conception de la morale.

  • Michel Westrade

    Dans la J.L.M.B. 2017/16 du 21 avril 2017, je rend hommage à Michel Westrade, qui était membre de notre comité de direction et qui vient de nous quitter.

     

    Mes voies ne sont pas vos voies.

    J’aime bien cette photo de Michel. Il y a sa pipe, qui le quittait rarement, comme si elle était une attache qui l’aurait lié à un monde plus éthéré, un monde qui lui aurait mieux convenu.

    Il y a les livres, qu’il aimait tant, qu’il dévorait, qu’il écrivait, avec cette plume si particulière, soucieuse du détail, pointilliste, comme s’il cherchait à traduire une profondeur que, forcément, nous ne parvenons jamais à appréhender totalement puisqu’elle tient aussi à l’âme.

    Et il y a son regard, plongé dans l’insondable, comme absorbé par une indicible mélancolie.

     

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  • Le nouveau Mécanisme de l’Union européenne pour la défense des avocats et défenseurs des droits de l’homme

    Le nouveau Mécanisme de l’Union européenne pour la défense des avocats et défenseurs des droits de l’homme

    Je suis un homme heureux.

    Car je viens d’accomplir la promesse que j’avais faite à un ami, il y a un peu plus de huit ans. En novembre 2008, lors d’un colloque dont le titre était « Droit & dignité », à l’occasion de la rentrée du barreau de Liège, Mario Stasi, ancien bâtonnier de Paris, proposa la création d’un réseau de défense des avocats défenseurs des droits de l’homme.

  • Les femmes et la justice, par Emmanuel Pierrat

    Les femmes et la justice, par Emmanuel Pierrat, La Martinière, 2016, 176 p., 39,9 €.

    « Robe sur robe ne vaut ».

    Les avocates, je connais un peu. Ma grand-mère, ma mère, ma sœur, ma femme et ma fille sont, ou furent, toutes avocates. C’est dire si je suis bien entouré. Dans le parcours de ma grand-mère, Julia Grand’ry, qui fut la deuxième à prêter serment à Liège, le 15 novembre 1927, je vois bien des similitudes avec les destins de Jeanne Chauvin, de Sophie Balachowsky-Petit, d’Hélène Miropolsky, de Marguerite Dilhan ou de Maria Vérone, les premières avocates françaises, qui la précédèrent de vingt ans. Il fallut se frayer un chemin dans ce monde exclusivement masculin, voire machiste et, donc, subir de petites vexations et de grossiers affronts.

  • On ne peut éternellement se contenter de regarder les cadavres passer sous les ponts, par Eric de Montgolfier

    On ne peut éternellement se contenter de regarder les cadavres passer sous les ponts, par Éric de Montgolfier, Cherche-Midi, 2017, 59 p., 8,20 €.

    « Mais, pour l’honneur de la République, il vaudrait mieux qu’aucun des candidats à sa présidence ne soit un délinquant. Si la femme de César devait être plus vertueuse que celui-ci, il resterait à rêver d’un code de déontologie pour celui dont la fonction exclut indiscutablement le soupçon ».

    Un jour, cela fait déjà un temps, Michel Franchimont a cité au jeune coq, va-t-en-guerre voire boutefeu, que j’étais (et suis peut-être encore un peu ?) cette maxime de Lao Tseu :  Si tu as un ennemi, assieds-toi au bord du fleuve, tu y verras passer son corps.

    L’ami Bernard me rappelle souvent que, lorsque je lui avais raconté cet épisode, j’avais ajouté, un peu énervé, que si chacun s’asseyait au bord du fleuve, on n’y verrait pas passer beaucoup de corps.

    C’est manifestement ce que s’est dit Éric de Montgolfier, ancien Procureur de la république à Nice et grand pourfendeur de la corruption, lorsqu’il a pris la plume pour nous faire partager ses états d’âme. Ce pamphlet a été écrit alors que les primaires de la droite battaient leur plein. Il n’imaginait sans doute pas que ce n’est pas celui auquel il pensait qui l’emporterait, ni que sa femme s’appelle Pénélope …

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  • Barcelone, le soleil, le droit des jeunes et la F.B.E.

    Le bâtonnier Oriol Rusca

    Barcelone, le soleil, le droit des jeunes et la F.B.E.

    La rentrée de Barcelone c’est comme le printemps qui revient. On monte dans un avion sous la drache nationale et, trois heures plus tard, on mange des tapas sur une terrasse avec vue sur la Sagrada Familia …

    Puis, il y a une séance de rentrée, un peu longuette. Défilent les stagiaires de l’année (heureusement représentés par deux d’entre eux, car ils sont un bon millier), les jubilaires de 25 (près de deux cent), 50 (plus de vingt-cinq) et 75 (ils sont encore trois !) années de pratique, ainsi que ceux auxquels le barreau rend un hommage spécial. Cette année, l’O.N.G. Proactiva Open Arms, qui tente de recueillir en mer un maximum de réfugiés, figurait au rang des lauréats, ce qui constituait une belle introduction aux travaux du lendemain.

    Le samedi, après un banquet au cours duquel nous n’avons guère eu l’occasion d’éprouver la solitude, séance traditionnelle de travail. Les Trobades de Barcelona rassemblent les bâtonniers du monde depuis 1984 pour des échanges sur des sujets d’actualités. Depuis 1988, ils sont rebaptisés Mémorial Jacques Henry, en hommage à celui qui, à l’époque, avait soufflé au bâtonnier Antonio Plasencia l’idée de ces rencontres.

    https://gallery.mailchimp.com/d552fd66716b81b8fb8f922cc/files/12ab815c-2...ée_Bracelone.pdf

  • Défense Légitime, par Véronique Sousset

    Défense légitime, par Véronique Sousset, Éditions du Rouergue, 2017, 135 p., 16 €.

    "Quiconque lutte contre un monstre devrait prendre garde dans le combat à ne pas devenir monstre lui-même. Et quant à celui qui scrute le fond de l'abysse, l'abysse le scrute à son tour".

    C'est pas du Bashung, ça mon pote, c'est du Nietzsche (et ça, c'est du Renaud).

    Pourquoi défendre un monstre, celui qui a commis l'innommable, l'indicible, le pire : tuer son propre enfant, sa petite fille, en lui fracassant la tête contre une baignoire, après une escalade de cruautés ?

    "Parce que tout être humain à le droit d'être défendu au nom des lois de la République, de ses valeurs de liberté, d'égalité et de fraternité. Et si défendre n'était pas excuser, ni trouver des circonstances atténuantes, mais expliquer, donner du sens, guider sur le chemin escarpé de la vérité, pour juger en connaissance de cause, surtout quand la peine encourue est lourde ? ... Et s'il n'y avait pas de monstre, juste un homme, derrière la monstruosité des faits ?"

    Véronique Sousset a d'abord été directrice de prison, avant de passer de l'autre côté des barreaux. Elle était avocate depuis peu lorsqu'elle a accepté d'être commise d'office pour défendre ce père infanticide dont le seul nom suffisait à révulser toute sa ville, en ce compris ses codétenus. Elle témoigne.

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