Droits de l'homme

Réparer ou punir, par Bruno Dayez

Réparer ou punir, par Brunol Dayez, Bruxelles, Samsa édition, 2022, 66 pages, 8 euros.

Une revendication dans le chef des victimes est première et, dans un certain nombre de cas, se suffit pratiquement à elle-même : la reconnaissance par le prévenu ou l’accusé de sa propre culpabilité, qui conditionne leur propre reconnaissance en tant que victimes. La plupart d’entre elles, en demandant justice, ne sont nullement avides d’une répression impitoyable. S’il ne tenait qu’à elles, le coupable s’en sortirait souvent à moindres frais… pourvu qu’il avoue !

Nous avons tout faux. Notre système répressif manque tous ses objectifs.

Bruno Dayez nous a déjà exposé pourquoi nos juridictions correctionnelles ne servaient qu’à sanctionner, écarter, désocialiser, exclure les plus faibles, sans jamais – ou si rarement –  contribuer à les reclasser. Nos prisons sont des mouroirs, des écoles du crime. Ceux qui en sortent sont des récidivistes en puissance ou des parias.

Mais il y a pire encore. Les jugements qu’elles prononcent n’ont même pas pour effet de soulager les victimes. Ce que celles-ci cherchent, c’est d’abord la reconnaissance du mal qui leur a été fait. Bien au-delà d’une indemnisation qui ne sera de toute façon que symbolique. On ne remplace pas par de l’argent – si on finit par le percevoir, puisque la plupart des délinquants sont de toute façon insolvables… – la perte d’un être cher, ni celle d’un organe.

Nadia Fiorani, avocate en danger

 

 

 

 

 

 

 

 

Nadia Fiorani est une avocate italienne du barreau de Piacenza.

Nadia Fiorani a été commise d’office au mois d’août pour assurer la défense d’un guinéen de 27 ans, Sekou Souware, accusé d’avoir tenté de violer, en pleine rue, une ukrainienne de 55 ans. Le jeune homme nie les faits, assurant avoir simplement voulu aider cette dame à se relever après qu’elle fut tombée, mais les images des caméras de surveillance ne semblent guère lui être favorables.

Privés de liberté, pas de génie, nouvelles rassemblées par François Dessy

Privé de liberté, pas de génie – Trente prisonniers célèbres, nouvelles rassemblées par François Dessy, Bruxelles, La Pensée et les Hommes, 2022, 464 pages, 30 euros.

Je ne vis plus. Tout au plus, je crois que je continue à exister biologiquement, en suspension dans un espace sombre réduit à quelques mètres carrés.

Aujourd’hui, comme hier et demain, je métabolise le vide émotionnel de la privation de liberté, comme un diabétique le sucre, ce matin, comme les autres matins, qui succèdent à tous les matins, après cette arrestation chez moi, devant mes enfants en pyjama, moi aussi en pyjama, au lever, dans l’odeur du café…

Ainsi reclus, j’attends, comme seule ligne d’horizon, la nuit et la fuite du temps et peut-être le sommeil et ainsi de suite, jusqu’à l’épuisement du besoin d’espoir.

Je suis immobile. Je suis retenu en prison. Je suis enfermé. Je suis un détenu. Je suis un détenu en préventive.

Ils sont trente. Trente parmi des millions. Trente prisonniers. Trente dont la vie avait été mise entre parenthèses.

Mais pas tout à fait. Ceux-là sont restés libres dans leur tête. Ils ont lutté, avec des succès divers, contre l’avilissement. Ils ont tenté de rester des êtres humains.

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