Droits de l'homme

Théâtre I, par Robert Badinter

Théâtre I, par Robert Badinter, Paris, Fayard, 2021, 290 pages, 23,10 euros.

La leçon n’en sera que plus efficace. Tous ces réformateurs, avec leurs théories sur l’humanisation des peines, l’amendement des condamnés, ruineront la prison et – je n’hésite pas à le dire – corrompront l’Angleterre. Ce qu’il faut aux condamnés, c’est un travail harassant, un lit de planches et une maigre pitance. Ajoutez le silence et la discipline et vous avez une chance de les décourager de recommencer. Je dis bien une chance, parce que quand je vois tous ces vieux chevaux de retour, je pense que nous sommes encore trop bons avec eux.

Et on dit que seules les mouches sont assez bêtes pour tenter mille fois de sortir de la pièce dont elles veulent s’évader en se frappant sur la même fenêtre, alors qu’il leur suffirait de se retourner pour filer par la porte ouverte qui se trouve derrière elle…

Des écoutes illégales dans un commissariat en Flandre orientale

Dans un commissariat de Flandre Orientale, un local destiné aux entretiens entre les personnes en garde à vue et leurs avocats était sous écoutes.

Le président d'AVOCATSBE et les bâtonniers francophones dénoncent cette atteinte brutale au secret professionnel, pilier de l'indépendance de la justice.

Les droits des justiciables sont-ils encore essentiels en Belgique ?

https://avocats.be/sites/default/files/Carte%20blanche%20d'AVOCATS.BE170521.pdf

Le voleur d'amour, par R. Malka + Idiss, par R. Malka et F. Bernard

Le voleur d’amour, par Richard Malka, Paris, Grasset, 2021, 220 pages, 19,10 euros.

Idiss, par Richard Malka et Fred Bernard, Paris, Rue de Sèvres, 120 pages, 20 euros.

Il fait peur parce qu’il n’y a ni mensonge ni vérité en lui. Depuis toute petite, j’aime mentir. Pour rire, pour me protéger ou ne pas accabler, pour le plaisir d’inventer, pour embellir le monde ou jouir d’éprouver le pouvoir des mots. J’aime le mensonge et la vérité. Je crois que l’on ne parvient à la vérité qu’en traversant des forêts de mensonges, même à l’intérieur de soi. Autour d’Adrien, il n’y a ni chênes ni buissons. Il ne ment pas. Il cache ce qu’il est mais ne ment pas. Et je ne perçois aucune vérité en lui ; il est au-delà. S’approcher de lui, c’est avancer dans le noir, dans l’obscurité de sa lassitude.

Qui est ce mystérieux Adrien von Gott qui semble à la fois si jeune et si vieux ? Qui dit être né à Venise au XVIIIe siècle mais dont il n’y a de traces nulle part ? Qui croit retrouver Clélia, la seule femme qu’il ait jamais aimée, il y a plus de deux siècles, en Anna, une newyorkaise qu’il vient de rencontrer sous le pont de Brooklyn alors qu’elle allait se suicider ?

Roman de vampires. Roman d’amour. « Plus jamais la vie ne séparera ce que la mort peut unir » a écrit Shelley, qu’Adrien cite souvent.

Mémoire d'un juge trop indépendant, par Renaud Van Ruymbeke

Mémoires d’un juge trop indépendant, par Renaud Van Ruymbeke, Paris, Tallandier, 2021, 304 pages, 20,90 euros.

Ainsi qu’il soit de gauche ou de droite, le parti au pouvoir adopte le même comportement à l’égard de la justice : il entrave son action pour préserver ses propres intérêts.

Qui ne connaît le juge d’instruction Renaud Van Ruymbeke ? Celui qui est intervenu dans les affaires Boulin, Urba, frégates de Taïwan, Clearstream, Kerviel, Cahuzac, Karachi, Balkany, …, la terreur des hommes politiques.

Ce n’est pas le premier ouvrage qui est consacré à ce juge d’instruction d’un courage exceptionnel. Mais celui-ci est écrit par lui-même, avec la collaboration de Jean-Marie Pontaut, auteur de très nombreuses autres enquêtes.

Trop indépendant ? Peut-on, lorsque l’on est magistrat, être « trop » indépendant ? Dans l’esprit de certains politiciens, oui, manifestement. Il fut un temps, il est vrai, où - dérive typiquement humaine lorsqu’un système tourne sur lui-même ? – la corruption était devenue un mode de financement habituel des partis politiques. A tel point que, lorsque Mitterrand arriva au pouvoir, il se contenta de solliciter un rééquilibrage des contributions occultes d’Elf, sans remettre en cause le principe même de commissions qui avaient été érigées en système depuis la présidence du Général de Gaulle.

 

Une affaire si facile, par Francis Szpiner - Secret défense, par Hervé Temine

Une affaire si facile, par Francis Szpiner, Paris, Le Cherche-Midi, 2020, 152 pages, 17,75 euros.

Secret défense, par Hervé Temine, Paris, Gallimard, 182 p., 18 €.

Le mot « aveu » commence comme « aveuglement », et bien souvent cela y conduit.

« Maître, j’ai tué mon mari ».

Une petit phrase toute simple, annonciatrice d’une affaire si facile.

Martine est une femme ordinaire. Excellente et dévouée secrétaire dans une entreprise prospère, très appréciée de son patron. Mariée à un homme un peu hâbleur, bon vendeur de voitures. Mère d’un petit garçon de six ans. Ils occupent tous trois un pavillon de banlieue, selon la formule consacrée.

Cela c’est la façade. Derrière celle-ci, il y a une réalité plus sordide. Depuis la naissance de leur fils, l’alcôve est devenue un enfer. Il y eût d’abord des pratiques de plus en plus violentes, sodomie et coups. Puis de l’échangisme, d’abord dans des lits, puis sur des capots de voitures, dans les bois. Avec toujours des coups. Avilissement, abêtissement.

Ce matin, après une nouvelle tentative de sodomisation, Martine a craqué. Elle a décroché le fusil de son chasseur de mari et lui a balancé une bonne décharge de chevrotines. Comment imaginer une affaire plus limpide ?

 

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