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Papiers d'identité, par Jean-Pierre Versini-Campinchi

Papiers d’identité, par Jean-Pierre Versini-Campinchi, Paris, L’Éventail, 2020, 304 pages, 22 euros.

 

« C’est le fils de Pierre ». Jamais je n’entendrai aucune question du style : « Et la mère, c’est qui ? », ou encore : « Comment se fait-il qu’il soit si basané, ce petit garçon ? » Il est vrai qu’avec des cheveux bouclés et noirs, si je ne ressemble pas tout à fait à un Antillais classique, on pouvait me confondre facilement avec un Marocain ou un Tunisien. Mais la question n’est pas posée et elle ne l’a jamais été. Très difficile dès lors d’émettre un doute sur son identité.
Je suis le fils de Pierre.

Pierre est corse.

Je suis corse.

Point barre.

Quel curieux pedigree que celui de Jean-Pierre Versini-Campinchi ! Corse par un père qui fut avocat et faux-monnayeur et qui lui fit six demi-sœurs avec cinq autres femmes que sa mère, Antillais par sa mère, picard par le lieu où il vécut sa petite enfance, africain aussi, un peu, parce qu’il y passa plus de quatre années pendant sa jeunesse. Mais donc corse avant tout, comme ce grand-père, César Napoléon Sampiero Campinchi qui, entre les deux guerres, fut un des ténors du barreau de Paris, membre du conseil de l’Ordre, puis garde des sceaux et ministre de la marine de guerre.

De cette ascendance, il garde une ouverture à l’autre exceptionnelle, une aversion profonde pour toute forme de communautarisme et le culte du métissage à la française. Comme les corses, les vrais, ceux qui ne peuvent comprendre que l’on oppose leurs deux identités : ils sont corses et ils sont français. L’un ne va pas sans l’autre.

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